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Hillary Clinton évite les coups des républicains dans l’enquête sur les attentats de Benghazi

Au cours d’une audition marathon, jeudi 22 octobre, Hillary Clinton a tenté de répondre aux critiques de la commission spéciale mise en place par la majorité républicaine à la Chambre des représentants pour enquêter sur les attentats de Benghazi, en Libye, le 11 septembre 2012. Ces attentats avaient coûté la vie à quatre officiels américains, dont l’ambassadeur alors en poste, Chris Stevens. La favorite à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2016 a été obligée de s’expliquer sur les circonstances de leur mort, alors qu’elle était secrétaire d’Etat.

Hillary Clinton
L’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton, entendue jeudi 22 octobre par la commission spéciale mise en place par la majorité républicaine à la Chambre des représentants pour enquêter sur les attentats de Benghazi, en Libye, en 2012 . Evan Vucci / AP

Arrières pensées politiques

Les débats se sont tenus dans une ambiance tendue. Derrière la recherche de la « vérité », un mot que le président républicain de la commission, Trey Gowdy, a répété une dizaine de fois lors de son préambule, s’est greffée une polémique sur les arrières pensées politiques de la démarche destinée à fragiliser la candidature de Mme Clinton. Ces derniers mois, les républicains se sont focalisés sur son utilisation d’une adresse électronique personnelle lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine. Un faux pas, qui la met en porte-à-faux au regard des règles sur la sécurité des Etats-Unis.

« Aucun membre de cette commission n’est là pour enquêter sur vous ou vos courriels », a affirmé M. Gowdy, assurant qu’il s’agit de faire la lumière sur les circonstances de la mort « des quatre personnes qui ont été tuées, alors qu’elles représentaient notre pays sur le sol étranger ». Tout de noir vêtue, impassible, le visage fermé, la favorite des sondages l’a écouté avant de lui répondre sur le ton le plus neutre possible, parlant longuement avec empathie des victimes et des risques inhérents à la diplomatie.

« Nous connaissions les risques », a-t-elle fait valoir, affirmant que l’intervention en Libye avait permis d’éviter un « génocide » qu’allait perpétrer Mouammar Kadhafi en 2011. « Se retirer du monde n’est pas une option », a résumé Mme Clinton avec des accents de candidate déroulant sa vision de la diplomatie. L’ancienne secrétaire d’Etat s’est ainsi bien gardée de jouer l’indignation face à une manœuvre politicienne, laissant ce rôle au leader démocrate de la commission, Elijah Cummings.

Des échanges plus agressifs

Mais, rapidement, les échanges ont pris un tour plus agressif. La Commission s’est ainsi interrogée sur les raisons pour lesquelles les demandes réitérées de sécurité qui avaient été faites par la représentation américaine en Libye n’ont jamais été suivies d’effets. Tout en assumant sa part de responsabilité, Mme Clinton a assuré que ce type de demande ne passait pas par elle.

Puis les fameux courriels émis à partir de sa boîte personnelle sont revenus sur la table, au propre comme au figuré. Susan Brooks, la représentante républicaine de l’Indiana, n’a ainsi pas hésité à exhiber une montagne de copies de cette correspondance. Cette dernière a ainsi tenté de démontrer que ces courriels n’abordaient jamais la question de la sécurité des ressortissants américains à Benghazi. « Je n’ai pas mené l’essentiel de mon travail au nom de notre pays à partir de courriels », lui a répondu sèchement Mme Clinton.

Le ton est monté encore d’un cran lorsque le représentant républicain de l’Ohio, Jim Jordan, a choisi d’attaquer l’ex-secrétaire d’Etat sur les déclarations initiales de l’administration Obama pour expliquer les attentats, selon lesquelles ils constituaient des représailles à une vidéo islamophobe. Un « mensonge » qui, selon lui, n’avait pour but que de protéger le président « à seulement cinquante jours avant une élection [présidentielle américaine] ».

« J’ai eu plus d’insomnies que vous tous réunis »

Réaction de Mme Clinton : « C’est une accusation personnellement douloureuse. » « Je suppose que j’ai pensé à ce qui s’est passé plus que vous tous réunis. J’ai eu plus d’insomnies que vous tous réunis », a-t-elle ajouté, piquée au vif, avant d’argumenter sur le fond : « Il y avait probablement différentes explications [aux attentats] », a affirmé la leader démocrate. « Vos insinuations rendent un très mauvais service [au pays] », a-t-elle ajouté à l’adresse de M. Jordan.

En dehors de cet échange assez vif, Mme Clinton a évité les faux pas, répondant le plus calmement possible au feu roulant des questions, qui se prolongeait, jeudi après-midi après plus de cinq heures d’audition. Il s’agit d’un moment crucial de sa campagne pour l’élection présidentielle, alors que Joe Biden, le vice-président des Etats-Unis, a annoncé la veille qu’il ne se présenterait pas à la course à l’investiture.

La tâche de la favorite des sondages est également facilitée par les doutes qui se sont installés sur l’objectivité et l’efficacité de la commission. Celle-ci, qui a déjà coûté plus de 4,5 millions de dollars aux contribuables américains, enquête depuis dix-sept mois, une durée plus longue que celle qui avait été nécessaire dans l’affaire du Watergate, sans être pour autant parvenue à des résultats probants. Le sénateur républicain de Californie, Kevin McCarthy, puis le représentant républicain de New York, Richard Hanna, sont venus ces dernières semaines apporter de l’eau au moulin de Mme Clinton en avouant que les travaux de la commission avaient, en fait, pour objectif de mettre en difficulté la candidate démocrate.

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