Hé oui! Elon Musk a réussi à s’offrir twitter pour 44 milliards de dollars. Provoquant la sortie en bourse de la société qui deviendra entièrement privée. Motif invoqué, la liberté d’expression conçue de façon la plus absolue, est-ce vraiment cela le seul? Tentative de décryptage.
Rien qu’en l’espace de quelques deux ou trois semaines, le conseil d’administration de Twitter a changé d’avis, marquant son accord de céder l’intégralité des actions à Elon Musk.
Le titre ne sera donc plus coté à la bourse et appartiendra entièrement à M. Musk au prix de 54,2 $ par action, soit environ 44 milliards de dollars. Le fondateur de Tesla s’offre donc le petit oiseau bleu.
C’est cher… Dira-t-on, mais dérisoire par rapport à la fortune d’Elon Musk estimée entre 200 et 300 milliards de dollars. L’offre était vraiment irrésistible pour les actionnaires de Twitter qui voyaient le cours de l’action stagner depuis de nombreuses années.
Question: Qu’est-ce qui peut bien justifier la motivation d’un homme, fût-il immensément riche, à débourser 44 milliards pour s’offrir un réseau social?
Seulement la liberté d’expression? Dans la version officielle, il clame que c’est l’amour de la liberté d’expression qui justifie cet investissement. Voulant faire de la plateforme « la place publique numérique où les sujets vitaux pour le futur de l’humanité sont débattus ».
Mais cela n’est pas un secret pour personne, quand on sait qu’Elon Musk cultive depuis longtemps une conception quasiment libertarienne de la liberté d’expression, dans laquelle à peu près tout est permis. Les Fake News ne seront plus un problème: Conséquences, un président peut sans vergogne suggérer l’ingestion d’eau de javel à des fins curatives, les thèses complotistes peuvent s’exprimer librement quitte à poursuivre un objectif de déstabilisation pour le compte d’une puissance étrangère, les théories raciales les plus radicales y seront tolérées. La seule limite est la violation de la loi … mais dans cette conception radicale la loi n’interdit presque rien.
Est ce le seul enjeu? Surement pas. il est évident qu’on ne devient pas l’homme le plus riche du monde en dépensant de l’argent pour des idées. Pour amasser en une vie une fortune pareille, le master plan est simple : placer la recherche du profit au centre.
Il est donc clair que la conception libertarienne de M. Musk est sincère et a joué un rôle dans la décision de rachat, mais il est également probable que l’opération poursuive par ailleurs d’autres objectifs.
S’en servir comme d’un jouet? Il n’a jamais caché son amour pour Twitter. Avec 83 millions d’abonnés, il est capable de créer des mouvements mondiaux et faire basculer des cours de bourse et l’a démontré plusieurs fois.
Pur investissement? On peut répondre par l’affirmatif quand on sait qu’en libérant totalement la parole sur le réseau, on peut augmenter considérablement l’audience et la monétiser.
Ce qui pourrait se solder par une réintroduction en bourse, dans un futur plus ou moins proche, à un prix supérieur.
Et Twitter est sans aucun doute améliorable. Par exemple, la possibilité de modifier un tweet après son envoi qui était réclamée depuis longtemps par les utilisateurs, et c’est apparemment le soutien qu’affiche Elon Musk qui a débloqué les choses.
Enfin, il y a la monétisation désormais classique des données. Il ne serait pas étonnant que M. Musk débauche dans les semaines qui viennent quelques gros profils en provenance de Facebook ou Google spécialisés dans la publicité personnalisée et la segmentation des contenus.
Des ambitions politiques? Les réseaux sociaux sont au cœur de toutes les élections, les crises, etc. Barack Obama a surpris le monde en étant le premier à miser autant sur les réseaux sociaux pour son élection. Et depuis, il n’y a plus une crise ou une élection dans laquelle on ne parle de manipulation de l’opinion via les réseaux sociaux.
Ce qui est sûr, on peut aimer ou détester Elon Musk, mais il faut lui reconnaître un talent : l’homme dispose d’une faculté d’anticipation hors du commun.
Décider en 2003 de créer ex nihilo une nouvelle marque de voiture, entièrement électrique, au nom d’une conception différente de la mobilité, était un pari littéralement fou. Tout aussi dingue était l’idée de concurrencer la NASA parce qu’on a une lubie : l’humanité devra un jour ou l’autre se décider à vivre sur une autre planète. Dans les deux cas, ça a marché !
Il y a donc un plan derrière le rachat de Twitter, mais seul lui en connaît les détails.