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Le président de la BAD, accusé d’abus, nie en bloc

Candidat à sa réélection en mai, le président de la Banque africaine de développement (BAD), le Nigérian Akinwumi Adesina, fait l’objet d’accusations embarrassantes par des «lanceurs d’alerte», selon un document reçu lundi par l’AFP, initialement dévoilé par Le Monde.

Akinwumi Adesina
Le président de la Banque africaine de développement Akinwumi Adesina à Abuja, le 27 juillet 2019 / AFP/Archives

«Comportement contraire à l’éthique, enrichissement personnel, obstacle à l’efficacité, favoritisme, (activités) affectant la confiance dans l’intégrité de la banque et engagement dans des activités politiques» : c’est un véritable réquisitoire que dressent contre leur président, dans ce document d’une quinzaine de pages, ces «lanceurs d’alerte» anonymes se présentant comme des «employés préoccupés de la BAD», première institution de financement du développement en Afrique, basée à Abidjan.

Dans un communiqué publié lundi à la suite de l’article publié dans le Monde, M. Adesina, 60 ans, a réfuté en bloc ces accusations, qu’il qualifie d’«allégations fallacieuses et sans fondement». Il a également indiqué que des enquêtes internes étaient en cours.

Elu en 2015 pour un mandat de cinq ans, M. Adesina, ancien ministre de l’Agriculture du Nigeria, apparaissait jusqu’à présent sans rival pour obtenir un deuxième mandat, après avoir reçu le soutien de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.

Dans leur lettre datée d’«avril 2020» envoyée aux gouverneurs de la BAD, les lanceurs d’alerte accusent M. Adesina de favoritisme dans de nombreuses nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians, et d’avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraudes ou de corruption, ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner.

Entre 2016 et 2018, lors de «la grande campagne de recrutement qui a accompagné la restructuration lancée par le président Adesina», «environ 25% des nouveaux managers recrutés ont été des Nigérians», alors qu’ils représentaient 9% des embauches jusqu’alors, ce qui correspondait à la part du Nigeria dans l’actionnariat de la BAD, dénoncent les lanceurs d’alerte.

Parmi les personnes recrutées ou promues à des hauts postes figurent un beau-frère et un ami d’enfance de M. Adesina, ou d’anciens collaborateurs lorsqu’il était ministre au Nigeria, selon les lanceurs d’alerte.

Sabotage

Ceux-ci s’interrogent aussi sur un possible «enrichissement personnel» de M. Adesina. Récompensé en 2017 et 2019 par deux prix internationaux totalisant 750.000 dollars (près de 700.000 euros), M. Adesina a assisté aux remises de ces prix, aux Etats-Unis et en Corée du Sud, accompagné de délégations comptant des «dizaines de personnes», aux frais de la BAD. Mais a-t-il remis le montant de ses prix à la Banque, se demandent-ils?

Les lanceurs d’alerte reprochent aussi à M. Adesina «l’utilisation des ressources de la Banque pour sa promotion et son enrichissement personnel». En effet M. Adesina a obtenu la propriété intellectuelle et touche les droits d’auteur de sa biographie, commandée et payée par la BAD à un auteur.

Les lanceurs d’alerte précisent s’être initialement adressés, en janvier, au comité d’éthique de la BAD, mais avoir réalisé ensuite que «des employés proches du président sabotaient toutes les tentatives du comité d’éthique de remplir ses fonctions». Ils dénoncent en outre «des tentatives pour découvrir leurs identités».

Economiste spécialiste dans le développement et l’agriculture, personnage charismatique jouissant d’une bonne image internationale, Akinwumi Adesina, qui porte toujours un noeud papillon de couleur vive en public, a vigoureusement démenti ces accusations, qui surviennent moins de deux mois avant la désignation du prochain président de la BAD, prévue le 28 mai.

«Je suis totalement convaincu que sur la base de faits et de preuves, les procédures régulières d’examen et la transparence révèleront que tout cela ne constitue que des allégations fallacieuses et sans fondement», a-t-il déclaré.

«Le Comité d’éthique du Conseil d’administration mène actuellement son action dans le cadre de ses systèmes d’enquête interne. Laissons le Comité achever son enquête et ses travaux sans interférence de quiconque ni de quelque média que ce soit», ajoute-t-il.

La BAD, une des cinq principales banques multilatérales de développement au monde, avait réalisé en octobre 2019 une augmentation de capital géante de 115 milliards de dollars, considérée comme un succès personnel pour son président.

La BAD compte 80 pays actionnaires (54 pays africains, 26 pays non africains, d’Europe, d’Amérique et d’Asie).

Lire la suite de l’article dans la-croix.com

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