La lapidation, qui a été filmée, s’est déroulée il y a environ une semaine dans une zone désertique de la province de Ghor, aux mains des talibans, a déclaré la gouverneure Sima Joyenda.Sur la vidéo d’une durée de 30 secondes, à laquelle l’AFP a eu accès, la jeune femme prénommée Rokhsahana se tient debout dans un trou creusé dans le sol, d’où seule sa tête dépasse. Un homme vêtu de noir ramasse une pierre et la lui lance à bout portant, puis trois de ses compagnons l’imitent. L’un des hommes invite alors les autres à réciter la chahada, la profession de foi musulmane.
Des chefs de guerre irresponsables
Abdul Hai Katebi, porte-parole de la gouverneure, a confirmé l’authenticité de la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux et a été difusée à la télévision locale. Elle a été lapidée à mort par des talibans, des dignitaires religieux et des chefs de guerre irresponsables, a réagi Mme Joyenda, l’une des deux seules femmes gouverneures des 34 provinces afghanes. Selon elle, Rokhsahana avait entre 19 et 21 ans et a été mariée à un homme contre son gré. Elle s’est enfuie avec un autre homme de son âge.La responsable provinciale a condamné le meurtre et appelé le gouvernement central de Kaboul à nettoyer cette zone sous contrôle des insurgés talibans.
Une résurgence inquiétante
C’est le premier incident de ce type dans cette région et ça ne sera pas le dernier. Les femmes rencontrent des difficultés dans tout le pays et particulièrement à Ghor, une province très pauvre, a encore expliqué Sima Joyenda. Le chef de la police provinciale, Moustafa Mohseni, confirme qu’il s’agissait de la première lapidation survenue dans la région cette année.La lapidation est un châtiment prévu dans la loi islamique pour les hommes ou femmes mariés reconnus coupables d’avoir eu un rapport sexuel hors mariage. Cette peine est cependant très rarement appliquée dans les pays musulmans, mais elle était relativement courante à l’époque où les talibans dirigeaient l’Afghanistan (1996-2001).Les talibans, tenants d’une interprétation ultra-rigoriste de la charia, la loi islamique, étaient régulièrement épinglés par la communauté internationale pour le traitement réservé aux femmes lorsqu’ils étaient au pouvoir.