Ce lundi après-midi à l’Assemblée, Marisol Touraine a annoncé l’autorisation prochaine du Truvada, cette molécule qui permet à des personnes à risques de ne pas être contaminées par le VIH. Une annonce importante qui peut être les prémices de nouvelles politiques de prévention.
Le Truvada, ce traitement préventif contre le sida, arrive. La porte vient de s’entrouvrir, et même si le pas est encore limité, la décision ministérielle, annoncée aujourd’hui, marque un tournant. Ce lundi après-midi, en effet, à l’Assemblée nationale, lors du débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, et en réponse à une question, Marisol Touraine a annoncé que, «sous certaines conditions», le Truvada pourrait être prescrit pour éviter aux personnes à risques d’être infectées par le virus du sida. «J’y suis favorable, a-t-elle précisé. Et cela sera effectif au cours de la première quinzaine de décembre. Et j’ai décidé que ce traitement sera pris en charge à 100% par l’Assurance maladie.»
Une décision importante car, si elle intervient, certes, trois ans après celle de la FDA (Federal Drug administration) aux Etats-Unis, la France devient le premier pays européen à permettre ce traitement préventif. Et cette annonce était aussi très attendue. Depuis plus de deux ans, l’association Aides la réclamait fortement. Et depuis plus d’un an, les différents essais cliniques se montraient catégoriques : le Truvada, molécule antivirale utilisée en traitement sur les personnes séropositives, possède un très fort pouvoir préventif. Deux comprimés pris quelques heures avant une relation sexuelle à risque, puis un autre pendant la relation, et un dernier comprimé vingt-quatre heures après, cela marche, et au final, le risque de contamination devient quasi nul. Officiellement les essais parlent d’une efficacité à 86%, mais elle est de 100% si la personne suit le schéma.
«Plusieurs dizaines de milliers» de bénéficiaires
Début novembre, une commission de l’Agence du médicament donnait un avis favorable. Et proposait que le Truvada bénéficie d’une «recommandation temporaire d’utilisation» (RTU). Ladite commission précisant que l’autorisation du Truvada en prévention ne serait valable que pour les personnes «à haut risque d’acquisition du VIH par voie sexuelle» et «en tant qu’outil additionnel d’une stratégie de prévention diversifiée». Les bénéficiaires seraient en outre l’objet d’un «suivi» spécial. Il s’agirait surtout d’hommes ayant des relations anales sans préservatif avec d’autres hommes (avec au moins deux partenaires différents lors des six derniers mois), selon cet avis qui évalue «à plusieurs dizaines de milliers de personnes» les potentiels bénéficiaires. Et il y a huit jours, des chercheurs, dont la Prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi, mais aussi des médecins, des associations de lutte contre le sida et des politiciens exhortaient le gouvernement à rendre disponible «immédiatement» le traitement préventif contre le VIH.