Le joueur, le manager et l’agent: depuis le début de la saison, Paul Pogba, José Mourinho et Mino Raiola enchaînent les piques, sur fond de performances en dents de scie. Pas le meilleur moyen de préparer Manchester United à l’entrée en Ligue des champions mercredi à Berne.
A peine le titre de champion du monde en poche, les rumeurs ont donné Pogba partant pour le Barça… Et les paroles du technicien portugais, qui l’a à peine félicité pour son sacre tout en espérant que le Français comprenne pourquoi il a été si bon en Russie, n’ont certainement pas calmé les spéculations. Ni le début de saison de la Pioche non plus.
Qu’à cela ne tienne, le Bleu a mis de côté sa relation tendue avec Mourinho pour lancer son équipe en ouverture de la Premier League mi-août. Contre Leicester (2-1), bombardé capitaine des Red Devils, le Français a tout de suite ouvert le score après trois minutes. En patron, il s’était saisi du ballon pour tirer le penalty, plutôt que de le laisser à la vedette chilienne Alexis Sanchez.
Cela partait bien… Jusqu’à sa sortie après le match. Il y a des choses et il y a d’autres choses que je ne peux pas dire sinon je vais recevoir une amende, avait-il ainsi. Si vous n’êtes pas heureux, vous ne pouvez pas donner le meilleur de vous-même.
Le club a ensuite enchaîné avec deux naufrages contre Brighton (3-2) et Tottenham (3-0). Pogba, lui, n’a pas été le patron attendu.
S’il a ensuite rebondi, comme le reste des Red Devils lors des victoires contre Burnley (2-0) et Watford (2-1), il n’a pas vraiment convaincu les sceptiques, ceux qui voient dans son actuelle (mé)forme une confirmation de ses envies d’Espagne.
Qui sait
Pogba joue pour lui, a critiqué l’ancien entraîneur et désormais commentateur Graeme Souness dans le Times au début du mois. Je crois que Pogba n’est aligné que dans le but de maintenir sa valeur avant qu’United ne le vende. Car il ne mérite pas sa place autrement, pour aucune autre raison.
Ce ne sont pas ses sorties avec l’équipe de France qui les convaincront que Pogba veut vraiment rester. Car en Bleu, Pogba est bon… Et plus sobre.
Lors de la dernière trêve internationale, le milieu a livré un superbe duel à l’Allemand Tony Kroos à Munich contre l’Allemagne (0-0). Puis au Stade de France contre les Pays-Bas (2-1), il a joliment distribué le jeu avec sa qualité technique habituelle tout en faisant apprécier son physique dans les duels.
Mais là encore, il a lâché une bombe. Je peux vous assurer une chose: je donnerai toujours tout ce que je peux, quel que soit l’entraîneur, je donnerai toujours tout pour United. Mon avenir est actuellement à Manchester, j’ai toujours un contrat, j’y joue en ce moment, mais qui sait ce qui va se passer dans les prochains mois, avait-il ainsi déclaré, laissant planer un certain doute… pour la deuxième fois en moins d’un mois.
Huile sur le feu
Le Manchester Evening News s’est ému de ces déclarations. Pour le journal local, Pogba est en train de perdre sa lutte de pouvoir à Old Trafford et cette défaite le mine. Une lutte de pouvoir pourquoi ? Pour quitter le club évidemment.
Un départ difficile à imaginer tant le come-back à ManU de Pogba, et les 105 M EUR investis, sont censés symboliser le retour des Red Devils au premier plan.
J’ai besoin que l’agent me le dise ou vous le dise d’une manière claire, s’est agacé Mourinho la semaine dernière, alors que, selon la presse, les relations entre le super-agent et le club se détériorent.
Si je vois M. Raiola à l’écran dire que le joueur veut partir et qu’il essaie de trouver un moyen pour partir, alors je vais y croire. En ce moment, je suis dans le flou. La seule chose qui est claire pour moi, c’est que le joueur ne m’a jamais dit qu’il voulait partir, a ajouté le technicien portugais.
Les fans, eux, ne savent pas non plus sur quel pied danser. Et les dernières vidéos et photos du joueur sur les réseaux sociaux ont achevé de convaincre les sceptiques.
Pogba et les joueurs du rival Manchester City, Benjamin Mendy et Riyad Mahrez, formés au Havre comme lui, se sont affichés avant d’aller dîner au restaurant. Tempête! Un resto avec l’ennemi, ça ne se fait pas. Saura-t-il se faire pardonner contre les Young Boys et apaiser un peu tout le monde?