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De Facebook à Skype, le récit d’une tentative de chantage à la « sextape »

Nous avons testé pour vous le chantage sexuel déployé sur Facebook et Skype par les « brouteurs » de Côte d’Ivoire. Le récit est édifiant.

Publier une vidéo compromettante de vous sur YouTube
Publier une vidéo compromettante de vous sur YouTube pour vous soutirer de l’argent, c’est le but de la manœuvre d’arnaque et de manipulation déployée sur Facebook et Skype par les “brouteurs”.-Facebook / Skype

Entre exploitation de la solitude et pillage de la vulnérabilité, les tentatives de chantage sexuel menées sur les réseaux sociaux osent sortir les gros sabots à l’heure de préparer la négociation du prix du silence.

Comment ces prédateurs virtuels piègent-ils à distance des âmes crédules en quête de chaleur humaine et/ou de sensations fortes ?

Ce week-end, nous avons volontairement endossé le rôle du mouton appétissant égaré dans les prés dans la naïveté simulée.
« Je suis dans ma chambre sur mon lit »

Samedi, 15 h 30. Sur Facebook, une inconnue vous offre tout à coup son amitié sur un plateau aussi doré que sa longue crinière.

Ça, c’est l’effet magique des réseaux sociaux habilement manipulés par des esprits mal intentionnés.

Visiblement assemblé à la minute, le profil de Lynce D. nous présente fugitivement la vie familiale d’une jolie jeune femme originaire de Charleroi.

profile

Les clichés ? Plus que probablement volés sur un profil Facebook en bonne et due forme.

Une fois le contact noué, l’orthographe suspicieuse de l’ancienne… « pharmacienne caisière » se confirme.

message

Après une poignée de banalités orientées (« Moi je suis coiffeuse et dit moi tu vis seul ou en famille ?), la communication adopte un ton résolument direct.

message1

Un dialogue par vidéo Skype interposée, déjà ?

Minute papillon. Le moment est venu de freiner les ardeurs de la prétendue Carolo, en prétextant l’obligation de rejoindre des amis.
« alors dit moi tu aime les femme coquine »

Le lendemain, c’est la désillusion dominicale temporaire.

Le profil Facebook de Lynce (pour Lindsay ?) est aux abonnés absents.

Sur Skype par contre, la jeune femme surgit comme un diable hors de sa boîte pour se rebeller (« pour quoi tu bloquer mon compte facebook ?? »), avant de se souvenir miraculeusement que son « compte à été piraté attend je crée un compte tout suite OK ?? ».

Comme par enchantement, Lynce D. signe son grand retour sur le réseau cher à Mark Zuckerberg.

L’édition revue et corrigée de sa biographie montre soudainement que nous avons partagé dans le passé… le même employeur.

Peu importe, la mécanique s’emballe sur Skype.

Message2

La communication par vidéo interposée est imminente.

Les premières secondes sont hésitantes.

L’écran est noir. Aucun son n’est perceptible. Puis… Une jeune femme légèrement vêtue inonde l’écran de sa présence.

Elle ne ressemble pas le moins du monde à Lynce D. de Facebook.

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La tentatrice semble aussi muette que sourde, ignorant la moindre de nos interpellations.

Logique, c’est clairement une vidéo de strip-tease qui défile, ponctuée de messages explicites pour nous inciter à nous masturber face à la caméra.

But de la manœuvre : capturer les images compromettantes, les publier sur YouTube et réclamer un versement pour la supprimer.

Les « brouteurs » de Côte d’Ivoire

« Bien connu, ce mode opératoire est essentiellement déployé depuis l’ouest de l’Afrique en général, depuis la Côte d’Ivoire en particulier », détaille Olivier Bogaert, commissaire de la Computer Crime Unit. « Entre eux, les auteurs de ces arnaques se baptisent les brouteurs (NDRL : imposteurs). Il ne faut pas y voir la moindre connotation déplacée. Ce nom vient d’une technique qu’ils ont piquée au Nigéria.

« Ces brouteurs ciblent les profils qu’ils contactent, notamment sur leurs ressources présumées. Ils publient la vidéo compromettante sur YouTube, en limitant le visionnage à la seule adresse email du compte Skype de la victime. Cette dernière n’a pas conscience de ça et, si elle accepte un premier versement pour obtenir le retrait des images, les demandes vont se répéter graduellement. 200 €, 300 €, 400 €…

« Les plaintes ne sont pas rares, elles sont récoltées par la police locale. C’est loin de diminuer au fil du temps », poursuit l’expert.

Comment éviter de tels déboires ?

« D’abord, en faisant le tri et en n’acceptant pas n’importe qui sur les réseaux sociaux.

Ensuite, si le contact est noué, en posant des questions précises sur les lieux dont la personne se dit être originaire. Comme tout est inventé de toutes pièces, il est possible de la confondre.

Enfin, en encodant le pseudo sur Google, pour vérifier si d’autres Internautes s’en plaignent, et en proposant pourquoi pas une rencontre dans la vraie vie. »

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