Le président brésilien d’extrême droite a ouvert les débats en prenant en premier la parole devant l’ONU. Jair Bolsonaro qui n’était pas présent lors du sommet sur le climat lundi 23 octobre a abordé la question de l’Amazonie, accusant certains pays de se comporter de façon « coloniale » à l’égard du Brésil.
Rarement le discours d’ouverture de l’Assemblée Générale onusienne, traditionnellement réservé au Brésil, n’a été aussi attendu. Alors que la jeunesse se mobilise partout dans le monde en faveur du climat, la gestion des incendies de la fôret amazonienne par Jair Bolsonaro est en effet très décriée. Pour le président d’extrème droite, les intérêts économiques priment sur les préoccupations écologiques.
A la tribune de l’ONU, le Jair Bolsonaro a affirmé qu’il était « faux » de dire que l’Amazonie faisait partie du patrimoine de l’humanité. Il a évoqué les mensonges des médias : « L’Amazonie n’est aujourd’hui pas détruite par les flammes, comme les médias voudraient le faire croire. »
Remerciements à Donald Trump
Depuis l’entrée en fonction de Bolsonaro en janvier dernier, la déforestation a presque doublé par rapport à l’année dernière. Tous les jours, une superficie équivalente à 110 terrains de football est brûlée pour laisser place à l’élevage de bovins et à la culture du soja.
Jair Bolsonaro n’apprécie pas les interventions étrangères en particulier celle de la France pour sauver la forêt amazonienne, détruite par des incendies de forêt. Comme tous les présidents brésiliens avant lui, il a fait de l’Amazonie une question de souveraineté nationale. Sans surprise, il a donc réitéré son approche nationaliste, accompagnée d’une rhétorique musclée à l’égard de ceux qui souhaitent protéger la fôret tropicale. Sans citer de pays, il a accusé le comportement « colonial » de certains, vis-à-vis du Brésil, visant sans la nommer, la France qui a réuni ce lundi plusieurs pays en faveur de la reforestation de l’Amazonie. Il a également remercié Donald Trump qui partage son approche de la souveraineté nationale.
« N’hésitez pas à venir au Brésil, a lancé Jair Bolsonaro, c’est un pays très différent de ce que vous voyez à la télé et dans les journaux. »
Les peuples autochtones dénoncent un écocide
Pour Celia Xakriaba, militante autochtone de l’Etat brésilien de Minas Gérais, Jair Bolsonaro est l’ennemi public numéro 1. Elle l’accuse d’avoir mis en place un cadre légal pour tuer les Amérindiens. : « Quand il légalise la possession des armes dans les zones rurales, il autorise en quelque sorte les assassinats de nos responsables amérindiens. Lors qu’il affaiblit la législation qui protège l’environnement, il vise surtout les Amérindiens. On voit bien que le capitalisme a atteint ses limites. Certes, nous défendons nos terres, mais ce qui est en jeu, va au-delà de nos terres. C’est la survie de l’humanité. Il faut que tous les pays s’engagent en faveur de l’Amazonie ».
Concernant la proposition du président français Emmanuel Macron de créer un statut international pour protéger l’Amazonie, Jair Bolsanoro a déclaré que c’était «absurde». Un point de vue rejeté par ceux qui vivent dans la forêt tropicale, comme les Amérindiens : « Nous considérons la France comme un intermédiaire dans cette lutte, un intermédiaire qui permet d’établir un dialogue avec d’autres pays. Car ce qui se passe en Amazonie est un crime, un écocide contre l’humanité. Le gouvernement de Jair Bolsonaro doit être tenu comme responsable. Il a été prouvé que les incendies en Amazonie sont principalement l’œuvre des propriétaires terriens qui souhaitent élargir leurs exploitations agricoles. Le lobby agricole au Congrès national nous demande toujours : pourquoi les peuples autochtones sont contre le capitalisme. C’est à quoi nous répondons, en retournant la question : pourquoi le capitalisme est contre les peuples autochtones ?», martèle Celia Xakriaba.