Contraceptif. Perte de cheveux, prise de poids, baisse de libido, douleurs au ventre… Depuis un an, les plaintes contre les effets indésirables du stérilet Mirena se multiplient. A la Réunion, comme en métropole, les victimes dénoncent le manque d’informations sur le contraceptif hormonal et l’indifférence dont feraient preuve certains gynécologues face à leurs troubles.
Chaque année, plus de 300 000 stérilets Mirena sont posés en France. Dispositif en plastique intra-utérin, il délivre en continu du lévonorgestrel, une hormone de synthèse proche de la progestérone, qui empêche la fécondation. Si le contraceptif satisfait une majorité de femmes, un grand nombre se plaignent d’effets indésirables plus ou moins importants : pour certaines, il s’agit d’une importante prise de poids, pour d’autres d’une forte baisse de libido, quand ce ne sont pas des douleurs lors des rapports sexuels. Des femmes souffrent également d’une chute importante de cheveux, de fatigue, de crises de panique ou de sautes d’humeur… Un groupe de Victimes des stérilets hormonaux a même été créé sur Facebook, il y a un peu plus d’un an, afin de répertorier les plaintes émanant de toute la France. Le but n’étant pas de faire retirer le fameux contraceptif du marché, mais de pousser les professionnels de la santé à mieux informer les patientes sur les risques éventuels liés à sa pose. A ce jour, la page Facebook compte près de 25 000 membres.
Des Réunionnaises témoignent
Alertée, l’ANSM (l’Agence nationale du médicament) a mené une enquête à partir des données récoltées, afin de mieux cerner les effets secondaires du stérilet. La fatigue et une peau très grasse ont ainsi été ajoutées à la longue liste de symptômes déjà existants sur la notice. Alors que de nombreuses femmes se plaignaient également d’anxiété, ce mal n’a pas été retenu, l’agence du médicament estimant qu’il n’y avait pas assez de données reliant cet effet au dispositif. En dépit de cette mesure, de nouvelles victimes du Mirena continuent de se plaindre du manque d’informations sur les effets secondaires et dénoncent l’indifférence de certains gynécologues quant aux troubles qu’elles décrivent.
A la Réunion, elles sont aussi nombreuses à avoir abandonné le contraceptif pour ne plus avoir à souffrir plus longtemps des différents désagréments. Maëva, jeune maman de 29 ans, a par exemple porté le stérilet Mirena pendant deux ans avant de le faire retirer en urgence. Le fait de ne pas avoir de règles est très confortable pour une femme et la première année, tout s’est bien passé, raconte-elle. C’est après, que la situation s’est détériorée : en l’espace de quelques mois j’ai pris 16 kilos, alors que je n’avais rien changé à mon alimentation, je me suis mise à perdre mes cheveux par poignées, des taches d’acné étaient apparues sur ma peau, j’avais des sautes d’humeur, je souffrais d’une baisse de libido et surtout, j’avais des douleurs terribles dans le bas-ventre qui me clouaient au lit de longues heures. Au début, elle n’a pas fait le lien avec le stérilet. Quand, après lecture d’articles sur le Mirena, elle a parlé de ses craintes à son gynéco, ce dernier a balayé l’idée d’une main, assurant que tous ses soucis de santé étaient uniquement dus à un problème hormonal.
Des récits effrayants
J’ai alors changé de gynéco et je suis allée en consulter un autre à Saint-André, dit-elle. Celui-là m’a tout de suite prise au sérieux et m’a assuré qu’il avait cessé de prescrire le stérilet Mirena à ses patientes, justement à cause de ses nombreux effets secondaires. Ça fait trois mois qu’on m’a enlevé le stérilet et quasiment tous mes symptômes se sont évaporés. J’ai même déjà perdu 3 kilos. Des témoignages similaires en provenance de la Réunion sont nombreux sur les pages de discussions dédiées au Mirena sur Facebook. Une jeune femme raconte par exemple avoir abandonné le contraceptif après trois années de perte totale de libido, de prise de poids et de sautes d’humeur. Une autre en est convaincue : même si les médecins l’assurent du contraire, des années de pilule et de stérilet sont responsables des cellules cancéreuses qui ont commencé à se développer au niveau de son col de l’utérus. Tous ces récits ont de quoi interpeller. Mais faut-il pour autant avoir peur du stérilet Mirena ?
La plupart du temps ce stérilet est choisi par des femmes qui ont des règles douloureuses et/ou abondantes et elle sont le plus souvent soulagées, rappelle le docteur Julie Ravinet-Allyn (voir son interview ci-contre). Ce ne sont pas elles qui en parlent dans les blogs. Mais ce n’est pas parce que les effets indésirables concernent une faible partie des patientes qu’il ne faut pas les écouter, et à l’inverse ne plus le prescrire à celles qui en ont besoin. La contraception est un traitement qui s’adapte à chaque patiente.
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