Dans le roman dont la série est inspirée, le personnage pouvait tout à fait être blanc. Mais dans la série Amazon c’est bien l’actrice afro-américaine Kerry Washington qui campe le rôle de Mia Warren.
J’ai toujours eu de bonnes intentions. Ces mots ce sont ceux de Reese Witherspoon, ou plutôt d’Elena Richardson pleine de détresse devant sa maison en feu. Elle est l’une des héroïnes de Little Fires Everywhere, la nouvelle série tant attendue d’Amazon Prime en ligne ce vendredi 22 mai.
Comme dans le best-seller de la romancière Celeste Ng dont le programme est adapté (La saison des feux en français), l’histoire raconte comment la tranquillité du quotidien de cette mère de famille du Midwest est chamboulée à l’arrivée d’un nouveau personnage, une mère célibataire, libre et artiste, du nom de Mia Warren.
Cette femme, c’est l’actrice afro-américaine Kerry Washington (Scandal, Le dernier roi d’Écosse, Django Unchained) qui l’interprète. Et ça n’a rien d’anodin. Contrairement à l’autre protagoniste, dont le physique caucasien est précisé dans le livre, sa description à elle n’indique pas qu’elle est noire.
J’ai grandi dans des communautés blanches toute ma vie, et comme la plupart des gens de couleur aux États-Unis, je comprends assez bien ce que c’est que d’être blanc en Amérique. Donc, je me sens à l’aise pour écrire des personnages qui sont blancs, confiait l’autrice de La saison des feux dans une interview accordée à l’organisme Asia Society en 2018.
Ajouter de la complexité
Elle poursuit: D’un autre côté, je ne prétends pas savoir ce que c’est que d’être noir en Amérique. Je peux en imaginer certains aspects, mais j’ai l’impression de ne pas connaître cette expérience suffisamment bien pour écrire à ce sujet.
L’Américaine, née de deux parents originaires de Hong Kong, est une grande observatrice des questions identitaires dans son pays. Outre les problématiques liées à la condition féminine, son travail s’intéresse à ce que traversent les enfants issus de l’immigration.
Quand elle rencontre Kerry Washington pour la première fois, Celeste Ng ne cache pas son enthousiasme. En fait, elle m’a avoué qu’elle avait toujours pensé Mia comme une femme de couleur, qu’elle avait voulu écrire un personnage de femme noire, souffle l’actrice, également productrice de la série, à la radio américaine NPR au mois d’avril dernier.
Je trouve que le roman parle beaucoup d’identité et de la façon dont notre place et notre environnement contribuent à la manière dont nous vivons et nous comportons avec les autres dans le monde, précise-t-elle. Nous savions qu’ajouter cette dimension raciale rajouterait de la complexité de manière stimulante.
Mickaël Youn dans Iznogoud, Mickey Rooney et son interprétation de M. Yunioshi dans Diamants sur canapé, ou encore Carey Mulligan dans Drive. Au cinéma, les adaptations d’un livre dans lesquelles un acteur blanc campe un personnage de couleur ne manquent pas.
Le whitewashing n’a rien de nouveau. Il y a une vingtaine d’années, on a proposé à l’actrice américaine Julia Roberts de jouer le rôle d’Harriet Tubman, célèbre militante noire américaine en faveur de l’abolition de l’esclavage. L’histoire est ancienne, personne ne le remarquera, avait alors estimé le président des studios Focus Features.
Déferlement raciste
Dans le sens inverse, c’est beaucoup plus rare. Pire, quand ça arrive, les actrices et acteurs de couleur font souvent face à un déferlement de haine raciste à leur encontre. Quand la chanteuse Haile Bailey annonce avoir été choisie pour incarner Ariel dans la version en prises de vue réelle de La Petite Sirène, le hashtag #NotMyAriel [en français, Pas ma Ariel] est créé dans la foulée sur les réseaux sociaux.
En 2015, la violence à l’encontre de la comédienne britannique Noma Dumezweni, qui joue Hermione dans la pièce de théâtre Harry Potter and the Cursed Child, est telle qu’elle pousse J.K. Rowling à intervenir. La couleur de peau de la sorcière n’a jamais été abordée dans le livre. Ses yeux marrons, ses cheveux frisés et son intelligence, si.