Un économiste chinois vient de proposer que les hommes se partagent la même épouse afin de pallier le problème que pose l’écart grandissant entre le nombre d’hommes et de femmes en Chine. Une suggestion qui a fait scandale.
Xie Zuoshi a trouvé la solution pour régler le problème du manque de femmes en Chine : autoriser la polyandrie. Sur son blog, qui est suivi par des millions de Chinois, ce professeur d’économie réputé fait en effet l’apologie de cette pratique ancienne.
D’après les estimations, il y aura 30 millions de célibataires en Chine en 2020. Alors que les politiques de contrôle des naissances ont limité le nombre d’enfants pendant des décennies, la préférence culturelle pour les garçons et la pratique illégale mais répandue de l’avortement sélectif ont contribué progressivement à déséquilibrer le ratio hommes-femmes dans le pays. Aujourd’hui, il y a ainsi en Chine environ 117 garçons pour 100 filles.
Pour Xie Zuoshi, de nombreux hommes, en particulier les plus pauvres, sont incapables de trouver une femme et sont donc condamnés à ne pas avoir d’enfants qui les prendront en charge lorsqu’ils seront vieux, comme la loi l’exige en Chine. Pour ce dernier, qui voit le problème sous l’angle de l’offre et la demande, la solution pour permettre aux hommes défavorisés d’avoir une épouse est donc de faire en sorte que les femmes aient plusieurs maris.
Face à la quantité de célibataires, les femmes sont en faible nombre et leur valeur augmente, écrit-il. Mais cela ne sigifie pas qu’on ne peut pas faire des ajustements. Ce problème est en fait une question de revenus. Les hommes qui gagnent bien leur vie trouvent facilement une épouse car ils peuvent payer plus cher. Mais qu’en est-il des hommes dont les revenus sont bas ? Une solution est que plusieurs hommes puissent partager leur épouse.
La proposition de Xie Zuoshi a logiquement suscité des réactions outragées sur les réseaux sociaux chinois. Au point que l’économiste a publié une réponse cinglante dans laquelle il accuse ses détracteurs d’être aveuglés par des valeurs traditionnelles dénuées de pragmatisme, voire hypocrites.
Les associations féministes se sont également indignées de cette proposition, qui non seulement part du principe que les femmes sont vénales, mais les considère peu ou prou comme des objets. Les hommes sont en train de débattre publiquement de la possibilité de partager des femmes comme si elles étaient des maisons ou des voitures dans le but de coller à un idéal politique émanant aussi bien de la gauche que de la droite patriarcales, a écrit l’activiste Zheng Churan. Avant d’ajouter : Derrière ce déséquilibre et ce chiffre de 30 millions de célibataires, il y a le sort funeste de ces 30 millions de petites filles tuées à cause de la discrimination. Mais tout le monde pleure sur ces pauvres hommes qui ne trouvent pas d’épouse.