L’hypothèse du retour au pouvoir de l’ex-vice-président inquiète ceux qui n’ont pas oublié son passé trouble.
Son surnom : Crocodile. Parce qu’il attaque au bon moment, avait-il un jour expliqué.
L’ancien vice-président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, dont l’éviction a provoqué mercredi le coup de force de l’armée contre le régime du président Robert Mugabe, est rentré ce jeudi au Zimbabwe, a fait savoir son entourage vendredi 17 novembre.
A 75 ans, Emmerson Mnangagwa pourrait prendre la suite de Robert Mugabe à la tête du Zimbabwe. Il avait fui le pays dans la foulée de son éviction le 6 novembre, et avait alors promis de défier Mugabe et son épouse Grace. Celle-ci, en guerre avec Emmerson Mnangagwa pour la succession, avait obtenu de son mari qu’il le limoge.
Emmerson Mnangagwa partage certains traits avec Robert Mugabe, note le New York Times, citant des observateurs de l’ascension du Crocodile : corrompu, il a soif de pouvoir, et c’est un maître de la répression.
Wilf Mbanga, rédacteur en chef du site d’info The Zimbabwean, explique au quotidien américain :
Il y a ce qu’il faut d’appréhension [au Zimbabwe] car les gens savent que celui qui risque de prendre le pouvoir n’est pas Monsieur Démocratie. Ses antécédents ne sont pas impressionnants. Il a un passé trouble. Va-t-il s’améliorer ? On l’ignore.
Takavafira Zhou, analyste politique à l’université d’Etat de Masvingo, décrit Emmerson Mnangagwa comme un jusqu’au-boutiste par essence.
Proche des militaires
Né le 15 septembre 1942 dans le district de Zvishavana, dans le sud-ouest d’un Zimbabwe alors britannique, Emmerson Mnangagwa a grandi en Zambie. Fils d’un militant anticolonialiste, il rejoint en 1966 les rangs de la guérilla indépendantiste contre le pouvoir colonial. Arrêté, il échappe à la peine capitale et purge dix ans de prison. Il continue depuis ces années de lutte à entretenir des liens très étroits avec les militaires du pays.
Alors chef de la Sécurité nationale, il dirige en 1983 la brutale répression des forces de l’ordre dans les provinces dissidentes du Matabeleland et des Midlands. Son bilan n’a jamais été confirmé, mais elle aurait fait environ 20.000 morts.
Vice-président depuis 2014, Emmerson Mnangagwa a été mis sur orbite dès l’indépendance du Zimbabwe en 1980 par Robert Mugabe, qui lui a confié d’importants postes ministériels comme la Défense ou les Finances.