Début mars, Donald Trump affirmait que le coronavirus disparaîtrait d’ici au mois d’avril. On y est, et ce n’est pas le cas.
Plus de 5.000 personnes sont mortes des suites du Covid-19 aux États-Unis et ce bilan devrait continuer de s’alourdir dans les prochains jours. Face à la pandémie du coronavirus, Donald Trump est persuadé qu’il fait un super boulot, et il ne perd pas une occasion de s’en vanter:
- Le 6 mars: Une des mesures que j’ai prises, c’est de fermer les frontières avec la Chine et d’autres zones très touchées où la situation est vraiment grave. (…) J’ai tout fermé très vite, contre l’avis de la plupart des gens, et on nous félicite pour ça.
- Le 7 mars: Non, ça ne m’inquiète pas du tout. Pas du tout. Non, on a fait du super boulot.
- Le 11 mars: Non, ça ne m’inquiète pas du tout. Pas du tout. Non, on a fait du super boulot. (le 7 mars)
- Le 16 mars: Je nous mets 10 sur 10. Je trouve qu’on a fait du super boulot.
- Le 29 mars: Mon équipe a très bien réussi à coordonner l’action du gouvernement et du secteur privé. C’était extraordinaire, d’une efficacité remarquable.
Mais le Président a passé des semaines, voire des mois, à minimiser la gravité du virus, préférant vanter les mérites de son programme politique, consistant à faire la réclame du nom Trump et à tenter de fermer les frontières du pays. À vrai dire, il aurait préféré ne rien faire du tout. Il a ainsi affirmé que le virus aurait disparu d’ici au mois d’avril. Allez, circulez! Il n’y a rien à voir.
Le 10 février, il a prédit plusieurs fois – lors de réunions avec les gouverneurs, au cours d’un meeting politique et dans une interview accordée à Fox Business – qu’on n’entendrait plus parler du coronavirus en avril. Il a répété cette affirmation au moins trois autres fois quelques jours plus tard.
- Le 10 février: Bon, ce virus, il y a plein de gens qui pensent qu’il disparaîtra en avril avec la chaleur, avec le retour de la belle saison. D’habitude, ça s’en va en avril. En attendant, on gère très bien. On n’a que douze cas. Onze, et la plupart se sont rétablis.
- Le 10 février: Je pense que d’ici avril, théoriquement en tout cas, quand il fera un peu plus chaud, ça disparaîtra comme par miracle.
- Le 10 février: Je suis persuadé qu’ils vont maîtriser la situation rapidement. En avril, apparemment, le virus disparaîtra à cause du beau temps. C’est une date qu’on peut déjà se fixer.
- Le 13 février: On pense, et on espère, d’après toutes les infos dont on dispose, que le problème disparaîtra en avril.
- Le 14 février: Il y a des gens qui pensent qu’en avril, avec l’arrivée du beau temps… D’habitude, ça tue le virus. Mais on ne sait pas encore. On n’en est pas sûrs.
- Le 14 février: Je crois que tout va bien se passer. Quand on sera en avril, avec le retour du beau temps, ça aura un effet nocif sur ce virus, sur ce type de virus. (le 14 février)
Le 10 février, on comptait 12 cas confirmés de COVID-19, la maladie causée par le coronavirus, aux États- Unis, selon l’université Johns Hopkins. Il y en a aujourd’hui plus de 216.000. Le virus a donc fait davantage de morts que les attentats du 11-Septembre, qui ont profondément transformé le quotidien des Américains.
Les experts médicaux n’ont jamais validé les prédictions optimistes du Président. Mais, comme d’habitude, Donald Trump ne s’est pas embarrassé de considérations scientifiques pour raconter ce qu’il voulait.
Nous savons très peu de choses sur ce virus, expliquait le Dr. Robert Redfield, le directeur du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies, le 13 février. Il sera probablement encore avec nous à la fin de l’hiver, à la fin de l’année. Je pense qu’il finira par s’implanter aux Etats-Unis, et nous passerons alors à une transmission communautaire.
Redémarrer à Pâques ?
L’économie américaine est à présent essentiellement en sommeil, à mesure que les gens travaillent de chez eux et mettent en œuvre les mesures de distanciation sociale pour tenter d’enrayer la progression du virus. Les experts médicaux pensent que la situation va encore s’aggraver.
Mardi, la Maison Blanche a annoncé que, dans le meilleur des cas, le nombre de décès liés au coronavirus pourrait atteindre 240.000. Pourtant, malgré l’augmentation du nombre de cas, Donald Trump continuait d’insister sur le fait que tout allait bien. La semaine dernière encore, il souhaitait que l’économie américaine redémarre à Pâques, c’est-à-dire le 12 avril.
Les spécialistes du secteur de la santé mettent en garde le gouvernement contre une levée trop rapide des restrictions sanitaires. Lors d’une conférence de presse en ligne organisée la semaine dernière, Irwin Redlener, directeur du Centre national de prévention des catastrophes à l’université Columbia, a estimé que l’objectif d’une réouverture du pays à Pâques était absurde.
Je voudrais juste ajouter, au nom de tous les spécialistes que je côtoie, que c’est tout simplement hors de question. Il ne faut surtout pas faire ça. Il faut, au contraire, renforcer les mesures de confinement pendant un certain temps.
Un groupe composé de plus de 800.000 médecins affiliés au Conseil américain des spécialités médicales a aussi écrit à la Maison Blanche pour exhorter le gouvernement à poursuivre les mesures de distanciation sociale.
Les autorités fédérales, nationales, et locales ne doivent fixer une date de fin des mesures de confinement dans tout le pays qu’en fonction des recommandations des experts sanitaires et médicaux, écrivent-ils. Lever les restrictions plus tôt posera un grave danger à la santé de l’ensemble des Américains et prolongera les ravages de la pandémie du COVID-19.
Dimanche 29 mars, Donald Trump a finalement cautionné le prolongement de ces mesures jusqu’à la fin du mois d’avril, en ajoutant que son objectif pascal était ambitieux. Lors de la même conférence de presse, il s’est demandé pourquoi les hôpitaux, qui n’utilisent d’habitude pas autant de masques et de respirateurs, avaient soudain des besoins si pressants. Au lieu de comprendre que les besoins de matériel médical augmentent de manière exponentielle à mesure que la pandémie progresse, il s’est fait l’apôtre d’une théorie du complot, en suggérant que ces respirateurs et masques que réclament à grands cris les hôpitaux sont peut-être revendus au marché noir.