La mission militaire européenne et les forces maliennes ont repoussé les assaillants, dont l’un a été tué. Le Mali n’en a pas fini avec le terrorisme islamiste.
Un hôtel de Bamako, l’Azalai Nord-Sud, abritant la mission de l’Union européenne qui entraîne l’armée malienne (EUTM Mali), a été visé lundi soir par une attaque qui a été repoussée, faisant un mort parmi les assaillants. L’hôtel, réquisitionné par la mission de formation européenne, est situé dans le quartier ACI 2000, à proximité de l’hôtel de luxe Radisson Blu, qui avait été frappé le 20 novembre par un attentat djihadiste ayant fait 20 morts, outre les deux assaillants.
Ce qu’est la Mission européenne de formation du Mali (EUTM)
L’EUTM, qui compte quelque 600 personnels, réunit des militaires européens de 25 pays, actuellement sous commandement allemand. Elle a été lancée en février 2013, dans la foulée de l’opération militaire à l’initiative de la France pour chasser les d jihadistes qui contrôlaient le nord du Mali. Elle a pour objectif de remettre sur pied une armée malienne sous-entraînée et sous-équipée en apportant une expertise dans la préparation opérationnelle, le soutien logistique, le renseignement et la formation des unités combattantes sur le camp de Koulikoro (60 kilomètres au nord-est de Bamako).
Ce qui s’est passé
Des tirs, suivis d’échanges d’armes automatiques, avaient éclaté en début de soirée dans ce quartier huppé de la capitale malienne, selon des témoins et des correspondants de l’AFP. L’EUTM et le ministère malien de la Sécurité intérieure ont indiqué par la suite que l’attaque, à l’arme légère, avait débuté peu après 18 h 30 (locales et GMT). Aujourd’hui le QG de l’EUTM Mali a été attaqué. Personne n’a été blessé et aucun dommage n’a été occasionné, a annoncé la mission sur son compte twitter et sa page Facebook peu après 20 heures. J’ai entendu des tirs nourris devant l’hôtel. Puis des militaires maliens ont bouclé le secteur, avait indiqué un témoin à l’AFP en début de soirée. Le quartier a été bouclé et trois véhicule blindés de la Mission de l’ONU dans le pays (Minusma) ainsi que quatre de l’armée malienne sont arrivés sur les lieux, selon un journaliste de l’AFP.
Les militaires de l’EUTM et les gardes qui assurent la protection du bâtiment ont immédiatement riposté. Un des assaillants a été abattu, a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure Salif Traoré à la télévision dans la soirée, confirmant des informations données par une source au sein de l’EUTM. Nous sommes en train de prendre des dispositions pour vérifier le sac qu’il transportait qui pourrait contenir des explosifs et la protection civile est également en train de faire son travail, a poursuivi M. Traoré. Deux suspects ont été interpellés. Ils sont en train d’être interrogés. Les opérations continuent sur le terrain, a annoncé le ministre sans autre indication, ajoutant que les assaillants seraient entre deux ou trois, alors que la source de l’EUTM avait parlé de quatre, dont trois en fuite. Un membre des forces de sécurité maliennes a été légèrement blessé, selon le ministère. L’identité et les motivations des assaillants restaient inconnues. Les tirs se sont tus peu avant 20 heures, selon des témoins et des correspondants de l’AFP. Selon une source militaire malienne sur place, les opérations de ratissage se poursuivent parce qu’un kamikaze serait dans les parages du quartier général de l’EUTM. La situation est sous contrôle. Les forces de l’ordre sont en première ligne, a assuré dans un SMS un conseiller du président Ibrahim Boubacar Keïta, en voyage officiel en Namibie.
L’attaque du Nord-Sud dans le contexte malien
Pour rappel, l’attentat contre le Radisson avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), en coordination avec le groupe djihadiste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune, qui avait scellé à cette occasion son ralliement à Aqmi. La vaste région du nord du Mali était tombée en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ils ont été dispersés et en grande partie chassés après une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et qui se poursuit actuellement. Mais plusieurs zones échappent encore au contrôle des forces nationales et internationales, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix entre le gouvernement, les groupes qui le soutiennent, et l’ex-rébellion, destiné à isoler définitivement les djihadistes. Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques se sont étendues à partir de 2015 vers le centre, puis le sud du pays.
Piste terroriste
Selon un observateur contacté par Le Point Afrique, le mode opératoire est bel et bien celui des terroristes islamistes et la piste Iyad Ag Ghaly, dirigeant du groupe djihadiste malien Ansar Dine, n’est pas exclue par les experts maliens. Il fait remarquer que cette attaque survient au moment même où un communiqué du groupe djihadiste Ansar Dine publié sur son site internet Almirah, affirme avoir visé ce 20 mars au soir, les positions des camp français de Barkhane et de la Minusma à Tessalit, au nord de Kidal, par des tirs d’obus de mortiers. Et de citer cette phrase du communiqué : Nous n’allons jamais laisser tranquille les forces françaises présentes sur notre sol ainsi que toute autre force qui les soutient. Depuis quelques jours, indique notre observateur, nous remarquons des vidéos des djihadistes défilant avec des images de leurs recrues maliennes, mauritaniennes, burkinabè, nigériennes avec des appels en direction des jeunes ouest-africains les incitant à rejoindre le vrai chemin, celui du djihad contre les croisés.