L’ensemble des dettes accumulées dans le monde représente désormais 226.000 milliards de dollars (192.000 milliards d’euros), un montant record qui équivaut à plus de trois fois l’activité économique annuelle de la planète, montre mercredi une étude de l’Institute of International Finance (IIF).
Ce rapport est diffusé alors que plusieurs des principales banques centrales du monde se préparent à durcir leur politique monétaire, donc à mettre fin à une décennie de crédit très bon marché.
La Banque centrale européenne (BCE) devrait en effet annoncer jeudi une réduction de ses achats de titres sur les marchés, la Banque d’Angleterre (BoE) pourrait relever son taux directeur la semaine prochaine pour la première fois en dix ans et la Réserve fédérale américaine s’achemine vers sa troisième hausse de taux depuis le début de l’année.
Si les années de taux historiquement bas qui ont suivi la crise financière et la grande récession ont permis aux marchés boursiers mondiaux d’atteindre des niveaux sans précédent, elles ont aussi favorisé l’explosion de l’endettement des ménages, des entreprises et des Etats.
La dette mondiale représente ainsi aujourd’hui 324% de la production économique annuelle, précise l’IIF, qui fait autorité en matière de suivi des flux financiers internationaux.
L’étude met entre autres en avant les risques auxquels sont exposés certains pays émergents qui ont emprunté massivement dans des devises telles que l’euro ou le dollar américain.
Selon les calculs de l’IIF, environ 1.700 milliards de dollars de dettes devront être remboursées ou refinancées dans les pays en développement d’ici la fin 2018, avec à la clé une probable augmentation du service de la dette si les taux d’intérêt et les devises des grands pays occidentaux remontent.
Selon l’étude, les dettes en devises fortes des pays émergents dépassent 8.200 milliards de dollars, soit près de 15%de l’endettement total des économies en développement.
S’il note que le rythme de l’accroissement de la dette globale a légèrement diminué, l’IIF explique aussi que la tendance s’est au contraire accélérée en Chine, où les dettes des entreprises ont augmenté de 660 milliards de dollars en 2016, une croissance bien supérieure à celle observée aux Etats-Unis avant la crise financière de 2008 ou au Japon avant la crise bancaire de 1991.
L’étude ajoute que les entreprises ont des difficultés croissantes à assumer leurs dettes, les ratios de couverture des intérêts (ICR) mesurés suggérant que la part des emprunteurs privés en tension dépasse nettement son niveau de 2010.
Ces entreprises représentent ainsi plus de 20% des dettes corporate du Brésil, de l’Inde et de la Turquie et près de 16% en Chine.