LILLE (Reuters) – Le trafic ferroviaire dans le tunnel sous la Manche a été interrompu pendant les premières heures de samedi à cause d’une intrusion de migrants clandestins mais il a commencé à reprendre progressivement à partir de 08h00.
Selon une porte-parole d’Eurotunnel, un groupe “extrêmement organisé” d’environ 120 personnes à fait irruption sur le terminal français vers 00h30. “Ça a été organisé par des gens qui savaient que ça n’aboutirait pas”, a-t-elle dit, sans préciser à qui elle faisait allusion.
Mercredi, la police faisait état d’une présence plus importante parmi les migrants clandestins concentrés autour de Calais de militants du réseau d’extrême gauche “No borders”, qui réclame l’abolition des frontières et des politiques de contrôle de l’immigration.
Les intrus ont découpé l’une des nombreuses clôtures du site, sur lequel ils ont pénétré en force malgré la présence d’agents de sécurité, avant de se précipiter vers l’entrée du tunnel sous la Manche.
La police française a envoyé des agents dans le tunnel pour empêcher une traversée illégale vers le Royaume-Uni.
“Un groupe aussi important que celui-ci n’avait aucune chance d’atteindre le Royaume-Uni. Il est donc clair que cette attaque a été organisée dans l’unique but d’attirer l’attention des médias sur la situation désespérée des migrants coincés dans le Calaisis”, écrit Eurotunnel dans son communiqué.
Eurotunnel a suspendu le trafic fret et passagers pour des raisons de sécurité, explique l’entreprise, selon laquelle le groupe de migrants a été appréhendé par les forces de l’ordre.
A 09h30, Eurotunnel a annoncé dans un nouveau communiqué que le trafic reprenait progressivement et que les Eurostar circulaient désormais dans les deux sens. “Le trafic des navettes restera impacté dans la matinée”, ajoute cependant l’entreprise.
DES PRÉCÉDENTS
La police a pour sa part fait état d’une intervention en cours sur la rocade d’accès au port de Calais, à proximité de la “jungle” – immense terrain vague où se concentrent des milliers de candidats à l’immigration en Grande-Bretagne.
Selon un photographe de Reuters sur place, de nombreux migrants profitent d’un embouteillage de camions pour se jeter sur le toit des véhicules et tenter de s’y introduire.
Le trafic sous la Manche avait déjà été perturbé ou interrompu plusieurs fois en août et en septembre à la suite d’intrusions massives sur le site d’Eurotunnel, qui s’étend sur plus de 600 hectares.
Le renforcement de la sécurité sur le port de Calais au départ des ferries et le conflit social qui a paralysé l’activité portuaire ont conduit les migrants à tenter de passer en Grande-Bretagne en montant sur les trains de passagers et de marchandises au départ du terminal Eurotunnel.
Au cœur de l’été, un millier de tentatives d’intrusion avaient été recensées en une nuit.
La présidente du Front national, Grande-Bretagne, tête de liste pour les élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, utilise comme argument de campagne les tensions créées par cette situation.
Lors d’un déplacement de campagne à Calais, elle a promis vendredi de faire “un maximum de barouf”, si elle est élue, pour “faire plier l’Etat” et obtenir qu’il fasse “enfin respecter la loi” dans cette région.
(Pierre Savary et Emmanuel Jarry, édité par Jean-Philippe Lefief et Gilles Trequesser)
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