Les manifestants demandent à Joseph Kabila, dont le mandat a pris fin en décembre 2016, d’assurer publiquement qu’il ne sera pas candidat à sa succession.
Après avoir dispersé des messes anti-Kabila à coup de gaz lacrymogènes dans des églises à Kinshasa, les forces de police congolaises menaient ce dimanche 31 décembre des opérations musclées dans ces lieux de culte, déterminées à empêcher toute marche contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila.
Au moins huit personnes sont mortes, dont sept à Kinshasa et une à Kananga, dans les manifestations dans toute la République Démocratique du Congo, et une centaine de personnes ont été arrêtées, d’après une source à l’ONU. 82 arrestations dont des prêtres ont eu lieu à Kinshasa et 41 sur le reste du pays, a précisé cette source.
Le père Jean Kongolo, vicaire de la paroisse saint-Dominique dans la commune de Limete, a été blessé au visage. Une autre femme d’une soixantaine d’années a également été blessée à la tête et présentait une entaille sur le front, selon une source interrogée par l’AFP.
Alors que la capitale congolaise était quadrillée par les forces de sécurité, la police a également interpellé douze enfants de chœur catholiques à la sortie d’une paroisse du centre de Kinshasa, alors qu’ils étaient à la tête d’une marche pacifique anti-Kabila, a constaté l’AFP. Les autres manifestants qui étaient avec eux sont retournés ensuite dans l’enceinte de la paroisse, entonnant des chants à la Vierge Marie pour faire partir Kabila.
Le pouvoir de l’Église catholique face à celui de Kabila
Dans plusieurs paroisses, des opérations de police étaient en cours, selon des témoignages recueillis par l’AFP, étouffant ainsi toute tentative de manifestation.
Des militaires de la garde républicaine procèdent à un contrôle systématique des chrétiens à la paroisse Saint Luc, a déclaré à l’AFP Giscard, à la sortie d’une messe. Les gens sont placés en file indienne, les mains en l’air, ils sont fouillés avant de sortir de l’enceinte de la paroisse par cette unité chargée de la protection du président de la République démocratique du Congo. Une fois dans la rue, ils sont soumis à un deuxième contrôle fait par la police, a-t-il ajouté.
À Kinshasa, les catholiques du comité laïc de coordination ont invité les fidèles à marcher, bibles, chapelets et crucifix à la main, après la messe de ce dimanche matin. Ils demandent au président Joseph Kabila de déclarer publiquement qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession. Ils souhaitent aussi un calendrier électoral consensuel à la place de l’actuel, qui prévoit des élections le 23 décembre 2018 pour remplacer le président Kabila, dont le dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016.