Monterrey (Mexique) (AFP) – Une mutinerie a fait 49 morts et 12 blessés jeudi à Monterrey, dans le nord-est du Mexique, où des prisonniers se sont battus et ont allumé des incendies dans une prison surpeuplée, à la veille d’une visite du pape François.
Les affrontements, qui ont duré 30 à 40 minutes, ont éclaté après une bataille entre deux groupes rivaux d’une même bande criminelle, les Zetas, a indiqué le gouverneur de l’Etat de Nuevo Leon, Jaime Rodriguez.
Ils ont utilisé des armes blanches, des battes (de baseball) et des bâtons, a-t-il précisé, ajoutant que 3.800 prisonniers étaient incarcérés dans cet établissement pénitentiaire, le plus vieux de la région, soit le double de ses capacités.
Souvent surpeuplées, vétustes et gangrenées par la corruption, les prisons mexicaines sont le théâtre régulier de violences ou d’évasions.
En 2012, plus de 60 prisonniers avaient péri lors de deux mutineries dans les Etats de Nuevo Leon et Durango (centre), et plus de 130 détenus étaient parvenus à s’échapper de la prison de Piedras Negras dans l’Etat de Coahuila (nord-ouest) par la porte principale.
Nous sommes face à une tragédie, a déclaré M. Rodriguez, à la veille de l’arrivée du pape François, qui visitera mercredi prochain à Ciudad Juarez (nord), ville à la frontière américaine, une autre prison longtemps réputée comme une des plus dangereuses du pays.
A l’entrée de la prison de Topo Chico, une liste de victimes a été affichée dans l’après-midi. Tout ça pour un vol, mon fils était innocent!, criait une femme en pleurs après avoir appris le décès de son fils.
La mutinerie a éclaté vers minuit (06H00 GMT) dans cet établissement carcéral construit il y a 60 ans et surveillé par une centaine de gardiens: selon le gouverneur, Juan Pedro Zaldivar Farias, dit Z-27, transféré dans la prison il y a deux mois, a voulu en prendre le contrôle à Jorge Ivan Hernandez Cantu, alias El Credo.
C’est seulement vers 01H30 du matin (07H30 GMT) que les forces de l’ordre sont parvenues à reprendre la situation en main.
La police anti-émeute et des ambulances étaient déployées jeudi devant la prison survolée par des hélicoptères, d’où s’échappait durant la nuit une épaisse colonne de fumée, selon des images des chaînes de télévision.
Une autre vidéo tournée par des riverains durant les violences montre un prisonnier frappé par d’autres détenus armés de bâtons dans la cour de l’établissement carcéral.
– ‘Ils ne nous disent rien’ –
Cinq des prisonniers blessés durant la mutinerie sont dans un état grave, selon les autorités.
En colère devant l’absence d’information, des dizaines de proches des détenus, massés depuis l’aube devant l’entrée, s’en sont pris aux forces de l’ordre en criant et lançant des projectiles, tentant même de forcer la grille de l’établissement.
Dans l’après-midi, les autorités ont autorisé plusieurs familles à entrer brièvement. Il n’a quasiment rien pu me dire, ils te laissent seulement les voir pendant deux minutes, racontait Maria Najera, 50 ans, soulagée après avoir constaté que son fils avait le bras fracturé et la lèvre recousue, mais était vivant.
Le patio principal est brûlé. La boulangerie est noire, expliquait Martha, 22 ans, après avoir vu son mari dans le centre pénitencier.
Sur le côté du bâtiment, une vingtaine de personnes tentaient de communiquer avec les détenus, criant et sifflant pour avoir des nouvelles de l’intérieur.
Selon Ruth Villanueva, expert auprès de la Commission gouvernementale des droits de l’Homme, il y a une crise profonde du système pénitencier mexicain, avec 72 prisons surpeuplées dans des proportions supérieures à 20%.
Au-delà des prisons traditionnelles, les établissements de haute sécurité sont le théâtre d’évasions spectaculaires.
Celle de l’Altiplano, près de Mexico, avait vu le baron de la drogue Joaquin El Chapo Guzman s’enfuir en juillet par un tunnel, avant d’être de nouveau arrêté début janvier.
Le gouvernement du président Enrique Pena Nieto s’était engagé à procéder à une réforme après l’évasion de Guzman.
Le président a exprimé ses condoléances aux familles des victimes de la prison de Topo Chico.
Le pape entame vendredi une visite de cinq jours au Mexique, pays en proie à une forte violence liée au trafic de drogue et aux cartels.