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Le synode du Vatican sur la famille s’ouvre dans une ambiance tendue

A la veille de l’ouverture des débats entre les 360 participants du synode des évêques sur la famille, le pape François a rappelé les bornes dans lesquelles ils doivent se tenir. Lors de son homélie de la messe d’ouverture de cette seconde étape de la grande réflexion ouverte par l’Eglise catholique sur la question de la famille, dimanche 4 octobre, dans la basilique Saint-Pierre, Jorge Bergoglio a décrit avec insistance les caractéristiques du mariage selon la doctrine catholique : « L’unité et l’indissolubilité du lien conjugal » entre un homme et une femme. La réflexion engagée dans l’Eglise catholique ne vise pas à discuter de cela, a signifié le pontife, mais à déterminer comment l’institution peut avoir ses « portes ouvertes pour accueillir quiconque frappe pour demander aide et soutien », fût-il divorcé, concubin, homosexuel.

Le prêtre Krzysztof Olaf Charamsa (à gauche)
Le prêtre Krzysztof Olaf Charamsa (à gauche), avec son partenaire, Edouard, vient de révéler son homosexualité lors d’une conférence de presse à Rome le 3 octobre 2015. TIZIANA FABI / AFP

Depuis deux ans, les controverses sur ces sujets sont brûlantes entre partisans et adversaires d’un assouplissement de la « politique » d’accueil de l’Eglise. Ce nouveau synode promettait donc d’être aussi animé que le précédent, il y a un an. La veille de la messe d’ouverture, le coming out d’un prêtre polonais est venu accentuer ce climat de tension. Krzysztof Olaf Charamsa, 43 ans, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (organisme romain chargé de veiller au respect et à la cohérence de la doctrine), a révélé être homosexuel et avoir un compagnon, qu’il a d’ailleurs présenté à la presse un peu plus tard dans la journée.

Par cet acte spectaculaire, le père Charamsa veut pousser l’institution ecclésiale à changer son regard sur les homosexuels et à « comprendre que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ». Mêlant deux questions distinctes (l’homosexualité et le célibat des prêtres), il a eu des mots très durs pour dénoncer ce qu’il a qualifié d’« homophobie institutionnalisée de l’Eglise ». « Je demande pardon pour toutes ces années où j’ai souffert en silence devant la paranoïa, l’homophobie, la haine et le refus des homosexuels, présents au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui est le cœur de l’homophobie dans l’Eglise », a-t-il déclaré.
Une démarche « offensive et irresponsable »

Le Vatican n’a pas tardé à sanctionner ce collaborateur. « Une démarche aussi retentissante à la veille de l’ouverture du synode est offensive et irresponsable, a déclaré son porte-parole, le père Federico Lombardi. De fait, elle tend à opérer une pression médiatique sur l’assemblée synodale. » Le père Charamsa a aussitôt été relevé de ses fonctions auprès du Saint-Siège.

L’accueil des homosexuels est l’une des questions posées aux évêques catholiques réunis pendant trois semaines à Rome. La doctrine considère les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés » et prône l’abstinence aux gays. Elle refuse a fortiori le mariage entre personnes de même sexe. « Je voudrais dire au synode que l’amour homosexuel est un amour familial, qui a besoin de la famille. Chacun, et même les gays, les lesbiennes et les transsexuels, porte dans son cœur un désir d’amour et de famille », affirme le prêtre polonais. « Le clergé, ajoute M. Charamsa dans l’édition polonaise de Newsweek, est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu’à la paranoïa car paralysé par le manque d’acceptation pour sa propre orientation sexuelle. » Dans l’avion qui le ramenait du Brésil, peu après son élection, en 2013, le pape François avait déclaré : « Si une personne est homosexuelle et cherche vraiment le Seigneur, qui suis-je pour la juger ? »

Un autre sujet de désaccord entre les évêques, tel que cela était ressorti du synode d’octobre 2014, concerne les divorcés remariés civilement, aujourd’hui en principe privés de l’accès aux sacrements. Les 360 prélats ont jusqu’au 24 octobre pour en débattre, date à laquelle ils se prononceront sur le rapport qu’aura rédigé une commission de dix d’entre eux, choisis par le pape.

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