Depuis plusieurs semaines, le président des États-Unis dénonce régulièrement le vote par correspondance. Selon lui, cela pourrait permettre à des personnes mal intentionnées de truquer le scrutin.
Le président américain Donald Trump a évoqué ce jeudi 30 juillet, pour la première fois, un possible report de l’élection présidentielle aux États-Unis, mettant en avant des risques de fraude liés selon lui à l’épidémie de covid-19.
2020 sera l’élection la plus inexacte et la plus frauduleuse de l’histoire, a-t-il tweeté, évoquant le recours élargi au vote par correspondance pour le scrutin du 3 novembre. Ce sera une véritable honte pour les Etats-Unis. Reporter l’élection jusqu’à ce que les gens puissent voter normalement, en toute sécurité???, a-t-il ajouté.
Or d’après la constitution américaine, seul le Congrès (la réunion des deux chambres du Parlement, c’est-à-dire le Sénat et la Chambre des Représentants) a le pouvoir de décider du report d’une élection présidentielle. La date des élections étant fixée par une loi fédérale, ce n’est effectivement pas le président, mais uniquement le Parlement qui peut prendre une initiative en ce sens.
Le fait que le chef de l’État américain lui-même évoque cette hypothèse pourrait cependant contribuer à alimenter, au sein de sa base électorale, les doutes sur la légitimité du scrutin.
Mis sous pression par le camp démocrate
Plusieurs États américains veulent rendre le vote par courrier plus accessible afin de limiter autant que possible la propagation du covid-19. Nombre d’entre eux autorisent ce système de vote depuis des années et n’ont pas signalé de problèmes majeurs, à part des incidents isolés.
Mais depuis plusieurs semaines, Donald Trump, confronté à des sondages très défavorables, brandit le spectre de fraudes massives. Ses propos sur ce thème ont poussé fin mai Twitter à signaler pour la première fois l’un de ses tweets comme étant trompeur.
Fin avril, son adversaire démocrate Joe Biden avait prédit que le milliardaire ferait son possible pour reporter l’élection. Souvenez vous de ce que je vous dis, je pense qu’il va essayer de faire reporter les élections d’une manière ou d’une autre, trouver des raisons pour lesquelles elles ne peuvent pas avoir lieu, avait-il lancé.
Quelques jours plus tard, Donald Trump, interrogé lors d’un point de presse à la Maison Blanche, avait catégoriquement écarté cette hypothèse. Je n’ai jamais envisagé de changer la date (…) Pourquoi est-ce que je ferais cela?, avait-il répondu, évoquant la propagande du camp démocrate.
Plus récemment encore, à la mi-juillet, la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi avait exigé de Donald Trump qu’il reconnaisse les résultats de l’élection de novembre, quels qu’ils soient. Et qu’il fasse ses valises au plus vite -avec de l’aide si nécessaire- en cas de défaite. Interrogé sur cette demande, le 45e président de l’histoire américaine était resté évasif. Je verrai, avait-il simplement répondu.
Nous sommes en Amérique. Nous sommes une démocratie, pas une dictature. La Constitution fixe la date des élections en novembre. Rien de ce que le président dit, fait ou tweete ne peut changer cela, a réagi ce jeudi Dale Ho, de l’organisation de défense des droits civiques ACLU, après le tweet de Donald Trump.