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Au Rwanda, le culte de l’éjaculation féminine

Il est impossible de savoir à quand elle remonte mais la pratique du kunyaza, l’éjaculation féminine, est devenue une sorte de norme sexuelle au Rwanda, aux antipodes d’une sexualité globale qui a longtemps eu pour objectif la satisfaction de l’homme.

Brigitte Lahaie rwandaise
La sexologue Vestine Dusabe, «Brigitte Lahaie rwandaise», à la rencontre de la population. | Capture d’écran du documentaire L’Eau sacrée, réalisé par Olivier Jourdain.

En 2016, l’Unicef annonçait un chiffre effrayant: 200 millions de femmes dans le monde auraient subi une excision, majoritairement en Afrique. Mais d’un pays africain à un autre, le spectre de la sexualité peut être parcouru de bout en bout, de la barbarie que représente une ablation du clitoris au culte de l’orgasme féminin. Dans la région des Grands Lacs, et plus précisément au Rwanda, se pratique le kunyaza, dérivé du verbe kunyaàra, «pisser» en langue rwanda-rundi. Un rituel séculaire de l’éjaculation féminine très particulier que le documentariste belge Olivier Jourdain a découvert pour la première fois en 2009 en partant tourner à Kigali pour l’ONG Afrique en Marche:

«L’objet du film était un homme à femmes qui n’arrêtait pas de se vanter de ses conquêtes nocturnes. Un matin, je vais chez lui et je vois son matelas qui sèche dehors. Tout naïvement, je lui demande pourquoi. Au lieu de me raconter la chose clairement, il préfère me narrer un conte: le roi du Rwanda étant parti à la guerre, la reine avait choisi de faire l’amour avec un garde. Ce dernier, incapable de la pénétrer, tremblait de peur et s’est mis à stimuler les lèvres et le clitoris. De cet acte sexuel, la reine aurait éjaculé le lac Kivu…»

«Le plaisir de l’homme passe par celui de la femme»

En l’honneur de cette légende, la chambre nuptiale du palais royal, reconstituée au musée de Nyanza, a toujours une peau de vache posée au sol pour absorber les liquides d’amour. Olivier Jourdain, lui, a décidé d’en tirer un documentaire de 55 minutes, intitulé L’Eau sacrée. Pendant sept ans, le Tintin reporter a traversé le Rwanda de part en part pour mieux comprendre le kunyaza et ses effets sur la société rwandaise. Car cette pratique ancestrale, impossible à dater, est avant tout signe de fertilité –les femmes n’éjaculent pas, elles «donnent de l’eau»– et de bonheur conjugal. Olivier Jourdain théorise:

«L’eau, c’est la vie, c’est ce qui fait pousser les plantes. Le fait d’être fertile parce que la femme est capable “d’avoir de l’eau”, ça renvoie aussi à la toponymie du Rwanda, à sa végétation luxuriante. La pratique est sans doute liée à la géographie du lieu…»

Dans L’Eau sacrée, Jourdain filme justement une longue scène où plusieurs générations, de l’enfant en bas âge à la grand-mère, viennent se baigner dans des sources d’eaux chaudes entourées de plantes, partagent leurs savoirs et expériences en matière de kunyaza. Où l’on apprend aussi que l’éjaculation féminine est devenu un droit au plaisir, pour la femme comme pour l’homme. Jourdain poursuit l’explication:

«Les hommes rwandais le reconnaissent: ils ont plus de plaisir lorsqu’ils pénètrent. Mais ils doivent se soumettre à cette pratique du kunyaza. Le plaisir de l’homme passe par celui de la femme, et si cette dernière n’en a pas, l’homme n’en aura pas. C’est donc un acte sexuel féministe.»

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