1917, l’audacieux film de guerre du Britannique Sam Mendes, semble bien parti pour mener la charge dimanche lors de la 92e cérémonie des Oscars, point d’orgue de la saison des prix cinématographiques à Hollywood.
La précieuse statuette dorée du meilleur film sera-t-elle plutôt remise à Quentin Tarantino, qui joue à domicile avec Once Upon a Time… in Hollywood, ou au très respecté Martin Scorsese pour The Irishman? A moins que Parasite, du Sud-Coréen Bong Joon-ho, ne s’incruste pour devenir la première oeuvre en langue étrangère jamais primée dans cette catégorie phare?
Les enveloppes sont scellées depuis longtemps et il faudra attendre 17H00 heures locales (lundi 01H00 GMT) pour commencer à découvrir les choix des quelque 8.500 membres de l’Académie des arts et sciences du cinéma appelés à voter cette année.
La cérémonie, organisée en plein coeur d’Hollywood, au Dolby Theatre, sera aussi l’occasion de saluer la mémoire de Kirk Douglas, un des derniers monstres sacrés de l’âge d’or du cinéma, décédé mercredi à l’âge de 103 ans.
Malgré son aura et une centaine de films à son actif, l’acteur de légende n’a jamais obtenu d’Oscar en compétition, contrairement à la star du basket Kobe Bryant, auquel l’Académie rendra aussi hommage. L’ex-star des Lakers, décédé fin janvier avec sa fille et sept autres personnes dans un accident d’hélicoptère près de Los Angeles, avait été primé en 2018 pour un court-métrage d’animation consacré à sa carrière.
Scrutin préférentiel à plusieurs tours
Malgré son entrée en campagne tardive, les experts donnent 1917 favori dans plusieurs catégories prestigieuses.
Le long-métrage met en scène l’équipée désespérée de deux jeunes soldats durant la Première Guerre mondiale, construite comme un plan-séquence long de deux heures. Et il a volé de victoire en victoire, des Golden Globes aux Bafta britanniques.
Ca rentre dans la rubrique traditionnelle pour Hollywood, c’est ce que les Oscars apprécient, déclare à l’AFP Tim Gray, spécialiste des prix cinématographiques pour le magazine Variety. C’est grand, c’est épique, mais ça n’utilise pas les vieilles recettes (…) Le cinéma dans ce qu’il a de meilleur, estime-t-il.
Le grand favori n’est pourtant jamais assuré de gagner quand il s’agit de l’Oscar du meilleur film, attribué via un étrange et unique mode de scrutin préférentiel à plusieurs tours qui fait parfois élire un outsider.
L’heureux élu pourrait donc être Parasite.
Déjà Palme d’or au festival de Cannes, cet hybride de comédie familiale déjantée et de thriller a séduit de nombreux professionnels votant aux Oscars.
Pour tous les autres films, les gens disent +J’ai aimé mais…+ Avec Parasite, c’est +J’aime Parasite+, point, affirme à l’AFP Mark Malkin, journaliste à Variety et vétéran de l’industrie du divertissement.
S’il échoue dans la catégorie reine, Parasite a toutes les chances de l’emporter dans celle du meilleur film étranger, où il affrontera notamment Les Misérables du Français Ladj Ly.
Joker et Judy?
Ni 1917 ni Parasite n’alignent de vedettes internationales au casting, ce qui laisse le champ libre aux autres films pour les prix décernés aux acteurs.
Pour les critiques, les jeux sont déjà faits: c’est Joaquin Phoenix qui doit remporter la statuette du meilleur acteur pour Joker, tandis que Renée Zellweger sera primée pour Judy.
Du côté des seconds rôles, comme aux Golden Globes et aux Bafta, les pronostics donnent gagnants Brad Pitt en cascadeur tranquille (Once Upon a Time…) et Laura Dern en avocate impitoyable et manipulatrice (Marriage Story).
Je ne vois pas un scénario dans lequel l’un d’entre eux perd, résume Pete Hammond, expert du site spécialisé Deadline, qui fait écho à la plupart des experts interrogés par l’AFP.
Les Oscars pour le scénario et les catégories techniques s’annoncent plus disputés, entre la satire de l’Allemagne hitlérienne Jojo Rabbit, la relecture féministe du film d’époque Les Filles du Docteur March et les super-héros d’Avengers: Endgame.
La sélection des Oscars 2020 a une nouvelle fois été critiquée pour avoir négligé la diversité culturelle et ethnique, un reproche récurrent. Hormis la Britannique Cynthia Erivo (Harriet), tous les acteurs et actrices en lice cette année sont blancs et aucune femme n’a été retenue chez les réalisateurs.
L’Académie des Oscars a toutefois mis en avant le fait que les femmes n’ont jamais été aussi présentes dans les nominations: 65 sur 209 candidats au total.
Peut-être pour faire oublier la polémique, la soirée des Oscars, produite par deux femmes, a choisi un grand nombre de vedettes internationales d’origines diverses afin de remettre les prix, parmi lesquelles l’Espagnole Penelope Cruz, la Mexicaine Salma Hayek et l’Israélienne Gal Gadot.