TECHNO – La maison mère de Google, Alphabet, devrait devenir ce mardi 2 février la première capitalisation boursière mondiale, grâce à la publication la veille de résultats meilleurs que prévu, juste après la fermeture de la bourse.
La capitalisation boursière d’Alphabet a déjà virtuellement dépassé celle d’Apple le 1er février dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance officielle à Wall Street, où son action grimpait de 4% grâce à la bonne surprise de ses résultats.
Si la tendance se confirme en séance le 2 février, Apple perdra officiellement sa première place mondiale. Les deux géants technologiques américains avaient clôturé au coude-à-coude lundi soir, avec une valeur totale évaluée à 534,7 milliards de dollars pour la marque à la pomme et 530,1 milliards pour Alphabet.
Il s’agit peut-être de la fin d’une époque pour la Silicon Valley, celle de la suprématie d’Apple. Désormais, Google semble mieux incarner les tendances de l’avenir, au moins aux yeux de la bourse.
Google (en bleu) affiche de meilleures performances boursières qu’Apple (en rouge) depuis juillet 2015.
Voitures autonomes sans chauffeur, relais-internet embarqués dans des montgolfières ou des drones, compteurs connectés, initiatives dans la santé… Ces paris sur le long terme, sans garantie de succès, engloutissent beaucoup d’argent, mais ont convaincu les marchés. A l’opposé, Apple n’arrive plus à se renouveler depuis la mort de Steve Jobs en 2011.
L’iPhone… et quoi d’autre?
A sa sortie en 2007, l’iPhone a révolutionné la téléphonie, inventé l’internet mobile, créé l’industrie des applications, etc. Neuf ans plus tard, il reste toujours la référence en terme de design et d’ergonomie, mais il s’est (forcément) un peu banalisé.
Sur le principe, rien de grave. Il continue de rapporter des sommes folles à Apple. Mais l’entreprise tend de plus en plus à se résumer à ce seul produit… En 2015, il pesait 66% des ventes du groupe, contre 39% en 2010.
Les revenus des autres produits Apple stagnent depuis de 2012 autour de 80 milliards de dollars. Les ventes d’iPad ne cessent de baisser (-23% en 2015). Contrairement à ce qu’espérait Apple, les consommateurs ont aligné son rythme de renouvellement sur celui des ordinateurs (4-5 ans), pas sur celui des smartphones (2-3 ans).
Quant au succès de l’iWatch, il est anecdotique. Certes, elle s’est imposée en moins d’un an comme une référence des objets connectés, mais ce marché reste confidentiel. Il faut dire qu’elle ne s’adresse qu’aux propriétaires d’iPhone…
Bref, Apple est trop dépendant de l’iPhone. Alors quand la Chine, l’un de ses principaux marchés de croissance, donne des signes de faiblesse, la planète bourse s’inquiète à juste titre. Pour la première fois depuis sa création, les ventes d’iPhone devraient baisser en 2016.
Sept services Google dépassent 1 milliard d’utilisateurs
En face, Alphabet donne le tournis avec ses projets, et ses lancement des produits. Il y a beaucoup de déchets (Google Plus) mais il y a aussi quelques succès éclatants. Après la recherche et la publicité en ligne, son métier historique, Google est devenue une référence des navigateurs (Chrome) et des systèmes d’exploitation mobile (Android). Sans oublier le rachat de Youtube en 2006, un coup de maître.
Le patron de Google, Sundar Pichai, a annoncé le 1er février que la messagerie Gmail venaitt de rejoindre la liste de ses services vedettes comptant plus d’un milliard d’utilisateurs. Le groupe en compte désormais sept en tout.
Sergueï Brin et Larry Page, les co-fondateurs, n’hésitent pas à investir dans la recherche au long court, quitte à perdre beaucoup d’argent. Alphabet a chiffré pour la première fois le 1er février leur coût à 3,6 milliards de dollars de pertes d’exploitation en 2015.
Un chiffre énorme en comparaison des 448 millions de dollars générées en grande partie par les activités de domotique Nest, d’internet ultra-rapide par fibre optique ou de santé, où le groupe a commencé à passer des alliances avec des groupes du secteur pharmaceutique, a détaillé la directrice financière, Ruth Porat.
Mais cela reste modeste face à un chiffre d’affaires groupe de 75 milliards de dollars. Alphabet a d’ailleurs augmenté son bénéfice net de 12% sur 2015, à 15,8 milliards de dollars.