Barclays va mettre fin à plus d’un siècle de présence en Afrique dans le cadre d’une restructuration lancée par le nouveau directeur général Jes Staley après l’annonce mardi d’une baisse de 2% du bénéfice imposable en 2015 et d’une forte réduction du dividende.
La banque britannique a déclaré qu’elle vendrait au cours des deux ou trois prochaines années sa participation de 62% dans sa filiale Barclays Africa Group pour devenir une banque transatlantique orientée vers la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
Elle va se concentrer sur deux divisions, Barclays UK et Barclays Corporate and International, pour respecter les règles destinées à protéger la banque de détail des autres activités plus risquées.
Barclays est fondamentalement sur la bonne voie, a déclaré Jes Staley à l’occasion de la publication des premiers résultats de la banque depuis qu’il en a pris les commandes en décembre.
A 5,4 milliards de livres sterling (6,92 milliards d’euros), le bénéfice imposable ajusté en 2015 a été non seulement inférieur à celui de l’année précédente (5,5 milliards) mais aussi à la prévision des analystes, qui attendaient en moyenne 5,8 milliards de livres.
La banque a annoncé qu’elle réduirait son dividende à 3 pence par action à partir de 2016 contre 6,5 pence en 2015. D’après Jes Staley, cette décision va aider Barclays à maintenir ses niveaux de fonds propres alors qu’elle a entrepris de se débarrasser de ses actifs non souhaités.
L’action plongeait de plus de 10% vers 11h00 GMT à la Bourse de Londres et elle pesait sur l’ensemble du secteur bancaire européen, le seul en baisse à la mi-séance (-0,36%).
POIDS DU PASSÉ
Jes Staley a dit ne pas nourrir d’inquiétudes sur la solvabilité de Barclays malgré les rumeurs sur un éventuel appel au marché pour rapprocher le ratio de fonds propres CET1 de l’établissement de ceux de ses concurrents.
Le ratio CET1 de Barclays s’élevait à 11,4% fin 2015 contre 10,3% un an plus tôt.
Même si nous pensons que la réduction du dividende sera accueillie négativement dans un premier temps, elle contribuera à dissiper les craintes sur une faiblesse du capital, écrivent les analystes de Haitong Research dans une note.
Depuis l’arrivée Jes Staley, Barclays a considérablement réduit la voilure de sa banque d’investissement et elle s’est désengagée de plusieurs activités, y compris en Asie, pour comprimer ses coûts, limiter ses risques et renforcer son bilan.
Le poids du passé continue néanmoins de peser et la banque comptabilise 4,01 milliards de livres sterling de provisions pour frais juridiques en raison de divers dossiers, contre 2,36 milliards il y a un an.
Elle a notamment inscrit une provision supplémentaire de 1,45 milliard de livres au quatrième trimestre pour vente forcée d’assurances de prêts. Au total, Barclays a mis de côté 7,42 milliards de livres pour indemniser ses clients.
Elle a dit coopérer avec le département américain de la Justice et l’autorité des marchés financiers aux Etats-Unis (SEC) dans le cadre d’une enquête sur ses pratiques d’embauche en Asie. Barclays est ainsi la dernière banque en date à révéler son implication dans ce vaste dossier après JPMorgan et HSBC, soupçonnées de recruter des enfants ou neveux et nièces de responsables politiques chinois ou d’influents dirigeants de grandes entreprises publiques.
Barclays a aussi annoncé une réduction de 10% de son enveloppe consacrée aux primes versées à ses employés, d’un montant global de 1,67 milliard de livres.
Jes Staley recevra une rémunération annuelle susceptible d’atteindre 8,24 millions de livres tandis que son prédécesseur Antony Jenkins percevra 3,4 millions de livres au titre de 2015, dont une prime de 505.000 livres.
(avec Richa Naidu; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Véronique Tison)