Le Hezbollah applaudit la visite de Bachar el-Assad à Moscou

Un enfant déguisé en soldat devant un portrait d'Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, lors de la célébration de la bataille de Kerbala, le 18 octobre dans le sud-ouest du Liban. REUTERS/Ali Hashisho

Une fois n’est pas coutume, les partisans et les détracteurs du régime syrien au Liban et dans le monde arabe sont d’accord sur un point : la rencontre entre Bachar el-Assad et Vladimir Poutine, mardi au Kremlin, illustre la solidité de l’engagement de la Russie auprès du président syrien et de son gouvernement.

Un enfant déguisé en soldat devant un portrait d’Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, lors de la célébration de la bataille de Kerbala, le 18 octobre dans le sud-ouest du Liban.
REUTERS/Ali Hashisho

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalife

Pour la télévision du Hezbollah, en déroulant le tapis rouge au président Bachar el-Assad, la Russie a voulu délivrer un message selon lequel aucune solution politique à la crise syrienne ne peut avoir lieu sans le gouvernement de Damas.

Selon la chaîne de télévision al-Manar, cette visite prouve que la Russie est passée à l’offensive non seulement sur le plan militaire, mais aussi dans les domaines politique et diplomatique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard qu’après ce rare déplacement du président syrien, Moscou a annoncé la tenue, vendredi, d’une réunion quadripartite sur la Syrie à Vienne, avec la participation de la Russie, des Etats-Unis, de la Turquie et de l’Arabie saoudite.

Les Russes ont « un projet politique pour la Syrie »

Le célèbre journaliste d’origine palestinienne installé à Londres, Abdel Bari Atwan, écrit qu’au-delà des sujets qui ont été évoqués entre el-Assad et Poutine, l’élément important réside dans la visite en elle-même. Selon lui, Moscou est plus déterminé que jamais à soutenir son allié et à briser son isolement.

Le site internet de la coalition anti-syrienne du 14-Mars estime pour sa part que la visite est un défi lancé par la Russie à la communauté internationale. « Il est clair que les Russes ne se contenteront pas d’intervenir militairement, ils ont un projet politique pour la Syrie », peut-on lire sur le site. « Le règlement politique est inéluctable », confirme l’ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim. « Mais pas avant la défaite des groupes terroristes », a-t-il assuré.

« Sur le terrain, l’offensive qui est appuyée par la Russie montre ses limites »

Invité de la mi-journée, ce mercredi sur RFI, Jean-Sylvestre Mongrenier, docteur en géopolitique et chercheur à l’Institut Thomas More, estime cependant que l’on ne peut pas parler de victoire de la diplomatie russe. « On assiste au renforcement de l’alliance entre Moscou et Damas. Et contrairement à ce que certains diplomates russes susurrent régulièrement, Bachar el-Assad et Vladimir Poutine sont bel et bien mariés. Ils ont des intérêts étroits », estime le chercheur.

Pour Jean-Sylvestre Mongrenier, si la diplomatie publique russe insiste sur la lutte contre le groupe Etat islamique en Syrie « les intérêts russes sont beaucoup plus circonscrits : il s’agit coûte que coûte de soutenir le régime de Bachar el-Assad afin de conserver les intérêts stratégiques de la Russie en Syrie qui se concentrent sur la côte méditerranéenne. Il suffit de penser à la base navale de Tartous et, aujourd’hui, à l’aérodrome militaire de Lattaquié ».

Il pointe également la constitution d’un axe « Moscou – Damas – Téhéran » et la mise en place d’un « front russo-chiite ». Autant de facteurs qui, selon le chercheur, « confirment le retour de la Russie dans la géopolitique du Moyen-Orient ». Jean-Sylvestre Mongrenier relativise cependant la puissance de ce nouvel axe à l’œuvre en Syrie, soulignant que « sur le terrain, l’offensive qui est appuyée par la Russie montre ses limites ».

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