C’est le sommeil qui a fait de nous des hommes intelligents

Les singes dorment plus que l'homme et leur sommeil est moins réparateur. Des différences que des chercheurs ont tenté d'expliquer. iStock/andersboman

Deux chercheurs de la Duke University (Caroline du Nord) ont établi que l’homme dormait moins mais mieux que les autres primates. Comment expliquer cette différence? A-t-il eu une incidence sur l’évolution de l’espèce humaine?

Les singes dorment plus que l’homme et leur sommeil est moins réparateur. Des différences que des chercheurs ont tenté d’expliquer.
iStock/andersboman

Le sommeil serait l’une des clés de l’évolution humaine… C’est en quittant les arbres où ils dormaient, pour faire un somme au sol, que les premiers hommes auraient déclenché un cercle vertueux. Dormir moins mais mieux et plus profondément aurait ainsi contribué à forger nos “puissants esprits”, raconte le New York Times en décryptant une récente étude publiée par des chercheurs de la Duke University (Caroline du Nord) dans la revue Evolutionary Anthropology.

David R. Samson et Charles L. Nunn ont commencé par observer les primates actuels dormir, pour tenter d’établir une grille de lecture. Et ils dorment longtemps, très longtemps… Le temps de sommeil semblait proportionnel à la taille de l’animal, à une exception près: l’homme, avec sept petites heures de sommeil quotidiennes. Autre particularité: nous passons 22% de ce temps de veille en sommeil paradoxal, une proportion largement supérieure à celle que l’on retrouve chez les autres primates.
Les bienfaits du sommeil paradoxal…

Comment expliquer cette particularité? D’après les deux chercheurs, nous aurions pris cette habitude il y a un peu moins de 2 millions d’années… lorsque l’homo erectus est descendu dormir par terre au coin du feu avec ses congénères plutôt que perché dans les arbres. S’assoupir dans les branches, déséquilibré par le vent ou les serpents, c’est un peu comme piquer du nez en “classe économique d’un avion”, explique David R. Samson au New York Times. Au sol, en revanche, le confort permet de passer une meilleure nuit, à condition de rester en groupe autour d’un feu pour repousser d’éventuels prédateurs. Une menace qui explique aussi que la nuit en question dure moins longtemps…

Ce sommeil plus profond et réparateur aurait alors contribué à faire diverger un peu plus nos ancêtres de leurs contemporains primates. Non seulement le sommeil paradoxal a des bienfaits sur le développement cérébral et la mémorisation. Mais, plus prosaïquement, cette nuit raccourcie et efficace laissait aux premiers hommes bien plus de temps pour “fabriquer des outils ou partager des histoires”, note le quotidien. Des activités aussi humaines qu’une bonne sieste.

 

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