Jovenel Moïse avait été élu en 2017, après des années d’une crise politique et sociale qu’il n’a pas réussi à apaiser et qui s’est même renforcée sous son mandat.
Le président de Haïti Jovenel Moïse a été assassiné dans la nuit de mardi à mercredi 7 juillet à son domicile par un commando, a annoncé le premier ministre par intérim Claude Joseph.
Le président a été assassiné chez lui par des étrangers qui parlaient l’anglais et l’espagnol. Ils ont attaqué la résidence du président de la République, a déclaré Claude Joseph, remercié deux jours plus tôt de ses fonctions de premier ministre. L’épouse du président a été blessée dans l’attaque et hospitalisée, a-t-il précisé.
La situation sécuritaire est sous contrôle, a-t-il assuré. Il a appelé la population au calme et indiqué que la police et l’armée allaient assurer le maintien de l’ordre.
Jovenel Moïse était pris ses fonctions en 2017, après deux ans de transition et l’annulation à plusieurs reprises de l’élection présidentielle. Il avait finalement été élu dès le premier tour d’une élection marqué par un taux d’abstention proche des 80%.
Défiance générale envers Jovenel Moïse
Venu du monde des affaires, Jovenel Moïse, 53 ans, avait été élu président en 2016 sur une promesse de développement de l’économie du pays et avait pris ses fonctions le 7 février 2017. Actif dans plusieurs domaines économiques, dont l’exploitation de bananeraies, il n’avait alors quasiment aucune expérience en politique au moment de son élection et était très peu connu de ses compatriotes.
Son assassinat intervient dans un climat doublement tendu en Haïti, confronté à une crise sociale qui s’enlise depuis des années. En 2018 déjà, la population avait largement manifesté pour réclamer le départ du président, après l’annonce d’une hausse des prix du carburant. Depuis début juin, des affrontements entre bandes rivales dans l’ouest de Port-au-Prince avaient paralysé une partie du pays, forçant des milliers d’habitants à fuir un quartier particulièrement pauvre et disputé par les gangs.
La pandémie de coronavirus n’a fait qu’exacerber ces tensions: à ce jour, Haïti reste l’un des rares pays au monde à n’avoir pas commencé sa campagne de vaccination.
Élections et réforme institutionnelle en chantier
Dans ce contexte faisant redouter un basculement vers l’anarchie généralisée et avant même l’assassinat du dirigeant, le Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis et l’Europe considéraient comme prioritaire la tenue d’élections législatives et présidentielle libres et transparentes, d’ici la fin 2021.
Jovenel Moïse avait annoncé lundi la nomination d’un nouveau Premier ministre – le septième sous sa présidence – Ariel Henry, avec justement pour mission la tenue d’élections.
Gouvernant par décret depuis janvier 2020, sans Parlement, et alors que la durée de son mandat faisait l’objet de contestations, Jovenel Moïse avait également mis en chantier une réforme institutionnelle.
Un référendum constitutionnel initialement prévu en avril, reporté une première fois au 27 juin puis à nouveau en raison de l’épidémie de Covid-19, devait se tenir le 26 septembre. La réforme avait pour but de renforcer les prérogatives l’exécutif.