Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire visé par un mandat d’amener à Paris

Le président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, Guillaume Soro, à Abidjan, le 3 novembre 2015. Crédits : SIA KAMBOU / AFP

Les avocats de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et ancien chef de la rébellion, ont protesté contre la délivrance lundi d’un mandat d’amener par une juge française alors qu’il était venu en France pour la COP21.

Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, à Abidjan, le 3 novembre 2015. Crédits : SIA KAMBOU / AFP

Interrogé par l’AFP, l’un des avocats, Me Jean-Pierre Mignard, n’a pas souhaité préciser si son client se trouvait toujours en France, tout en évoquant « un blocage » et la nécessité de « lever ce mandat » délivré par la juge d’instruction parisienne Sabine Khéris.

M. Soro « est, en effet, l’un des représentants officiels de la Côte d’Ivoire à la conférence » de l’ONU sur le climat qui se déroule près de Paris, écrivent Me Mignard et Me Jean-Paul Benoit dans un communiqué. Un statut qui lui offre selon eux l’immunité diplomatique.

Une plainte déposée en 2012 par Michel Gbagbo

La juge d’instruction cherche à entendre M. Soro dans le cadre de la plainte déposée en 2012 par Michel Gbagbo, fils de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, pour « enlèvement, séquestration et traitement dégradant et inhumain », selon des sources concordantes.

Les avocats assurent avoir « pris contact à plusieurs reprises avec la juge » et affirment que « celle-ci dispose dorénavant de tous les documents nécessaires ».

« Les faits allégués, minimes, restent à prouver. Michel Gbagbo s’est plaint des conditions de son arrestation (…) Aucune preuve de violences physiques n’a pu être établie lors de cette arrestation », affirment-ils.

« A l’époque des faits, M. Soro était premier ministre, ministre de la défense. C’est à ce titre qu’il est abusivement visé par une plainte », indiquent ses avocats assurant qu’il « coopérera avec la justice française qu’il saisit de son côté d’une plainte en dénonciation calomnieuse contre Michel Gbagbo ».

Selon une source proche du dossier, des policiers se sont présentés lundi au domicile français de M. Soro qui était absent. « Les policiers ont entendu les personnes présentes et ont informé la juge », a-t-elle précisé.

Accusé d’« attentat ou complot contre l’autorité de l’Etat » par la justice ivoirienne, Michel Gbagbo, capturé avec son père Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, avait été remis en liberté provisoire en juillet 2013.

Ce citoyen franco-ivoirien a porté plainte en France contre M. Soro. Il a été empêché à plusieurs reprises de sortir du territoire ivoirien pour répondre au juge, selon son avocate.

M. Soro, deuxième personnage de l’Etat, fait partie de la coalition au pouvoir dirigée par Alassane Ouattara, réélu président fin octobre dès le premier tour.

En 2010, le refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle avait débouché sur une crise post-électorale qui a fait 3 000 morts. M. Gbagbo doit être jugé le 28 janvier pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye où il est détenu.

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