Erdogan rend à Sainte-Sophie son statut de mosquée

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a signé vendredi un décret rendant à l’ex-basilique Sainte-Sophie d’Istanbul son statut de mosquée en dépit des inquiétudes exprimées par plusieurs pays ou institutions étrangers.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a signé vendredi un décret rendant à l’ex-basilique Sainte-Sophie d’Istanbul son statut de mosquée en dépit des inquiétudes exprimées par plusieurs pays ou institutions étrangers. /Photo prise le 11 avril 2020/REUTERS//Umit Bektas

Son décret a été pris une heure à peine après que la plus haute juridiction administrative turc a annulé le décret gouvernemental de 1934 ayant transformé l’édifice en musée.

Il précise que le contrôle de la mosquée Ayasofya – son nom en turc – est rendu à la direction des affaires religieuses du pays et que l’édifice est rouvert au culte.

Le Conseil d’Etat avait jugé en début d’après-midi que le décret gouvernemental pris en 1934 sous Mustafa Kemal était illégal.

Dans sa décision, le juge administratif dit être parvenu à la conclusion que l’acte d’implantation (ndlr, de l’édifice) lui a octroyé le statut de mosquée et que son usage hors ce statut n’est pas juridiquement possible.

La décision gouvernementale de 1934 qui a mis fin à son utilisation en tant que mosquée et l’a transformé en musée n’était pas conforme à la loi, ajoute le Conseil d’Etat.

Le projet de transformation du site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, l’un des monuments les plus visités de Turquie, soulève l’inquiétude de plusieurs pays comme les Etats-Unis, la Grèce ou la Russie.

Le patriarche oecuménique Bartholomée, primat de l’Église orthodoxe de Constantinople, a estimé que la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée créerait une fracture entre l’Est et l’Ouest.

A Moscou, l’Eglise orthodoxe russe, qui estimait que cette modification de statut menacerait la chrétienté, a regretté la décision turque, déplorant que ses arguments n’aient pas pris en compte.

L’Unesco a appelé jeudi les autorités turques à entamer un dialogue avant toute prise de décision qui pourrait porter atteinte à la valeur universelle du site.

Dans les semaines précédant cette décision, la France avait souhaité que le musée Sainte-Sophie à Istanbul reste ouvert à tous.

Le décret de 1934 ayant transformé l’ancienne basilique byzantine en musée était contesté en justice depuis quinze ans par une association qui estime que Sainte-Sophie est devenue la propriété du sultan ottoman Mehmed II lors de la prise de Constantinople en 1453. Mehmed II avait converti la basilique en mosquée. L’association met également en cause l’authenticité de la signature de Mustafa Kemal sur le décret transformant Sainte-Sophie en musée.

La construction de Hagia Sophia (sagesse divine) a été achevée en 537, sous l’empereur byzantin Justinien.

Après la prise de Constantinople par les Ottomans, quatre minarets ont été ajoutés et les icônes ont été recouvertes, à l’abri du regard des fidèles. Des panneaux célébrant Allah et Mahomet ont été accrochés au siècle dernier à l’intérieur du bâtiment.

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