Un an après, l’ombre de l’enquête russe plane toujours sur Trump

L’ombre du procureur spécial Robert Mueller plane depuis un an sur un Donald Trump qui supporte mal l’enquête sur une éventuelle collusion avec la Russie pour le faire élire, et n’a de cesse de dénoncer une chasse aux sorcières.

A gauche, le procureur spécial Robert Mueller (photo prise le 19 juin 2013 à Washington), à droite, le président américain Donald Trump | AFP/Archives / SAUL LOEB, Brendan Smialowski

Pas de collusion a encore lancé mardi dans un tweet le président américain, qui accuse les enquêteurs d’être à la solde des démocrates et des médias dominants.

Il avait pourtant provoqué indirectement la nomination de M. Mueller le 17 mai 2017, après avoir limogé le chef du FBI, James Comey, qui dirigeait une enquête de la police fédérale sur une ingérence russe en sa faveur lors de son élection.

M. Mueller, 73 ans, avait alors été salué pour sa rigueur et son intégrité après avoir passé 12 ans comme directeur du FBI (2001-2013). Mais alors que l’enquête touche le premier cercle du milliardaire – trois hauts responsables de son équipe ont été poursuivis – celui-ci demande ouvertement son départ ou la fin rapide des investigations, affirmant qu’elles gênent son action politique.

Et la question de son limogeage, longtemps considérée comme une ligne rouge pour le Congrès, ne semble plus taboue à la Maison Blanche. Si j’avais voulu virer Robert Mueller en décembre (…) je l’aurais fait, avait-il tweeté mi-avril en réponse à un article du New York Times.

Le statut de procureur spécial est pourtant protégé: il dépend du ministère de la Justice et ne peut être renvoyé que par ce dernier.

Une audition à haut-risque se profile également pour Donald Trump face à Robert Mueller. Il lui a adressé 49 questions écrites liées aux connections avec la Russie des membres de son équipe et au limogeage de James Comey qui pourrait relever de l’abus de pouvoir.

Les enquêteurs s’intéressent notamment à une rencontre en juin 2016 à la Trump Tower entre des responsables de la campagne et une avocate russe prétendant détenir des informations compromettantes sur Hillary Clinton.

Donald Trump a affirmé qu’il accepterait un entretien s’il avait l’assurance d’être traité équitablement.

Cyberpropagande russe

Les détails de cet interrogatoire font l’objet d’âpres négociations. Les avocats de M. Trump craignent le caractère impulsif et les dérapages possibles du président. Il pourrait être mis en difficulté si ses réponses contredisent celles fournies par certaines personnes déjà inculpées.

Rudy Giuliani, l’ex-maire de New York qui a rejoint la défense du président, a également écarté la menace d’une citation à comparaître devant un grand jury s’il refusait d’être interrogé, estimant M. Trump protégé par son statut de chef de l’Etat.

Le principal fait d’armes de Robert Mueller reste l’inculpation de 13 ressortissants russes, dont l’un serait proche de Vladimir Poutine, et trois sociétés pour leur rôle dans une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux en 2016 visant à augmenter les chances de victoire de M. Trump.

La Russie nie catégoriquement toute collusion mais les services de renseignement américains estiment que M. Poutine en personne a été derrière la campagne de cyberpropagande.

Quatre membres de la campagne Trump-2016 ont pour leur part été poursuivis, mais pour des délits pas directement liés à une collusion, qui n’est toujours pas avérée.

Paul Manafort, l’ancien directeur de campagne, et son ex-adjoint Richard Gates, sont accusés d’avoir caché au fisc des revenus provenant de leurs activités de lobbyistes, antérieure à 2016. Le général Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale forcé à la démission, est poursuivi pour avoir menti au FBI sur ses contacts avec des responsables russes pendant la campagne.

Un autre éphémère conseiller diplomatique, George Papadopoulos, est aussi inculpé pour faux témoignage sur ses liens avec des intermédiaires russes. Tous collaborent avec les enquêteurs, sauf M. Manafort qui sera jugé cet été.

Un avocat néerlandais lié à M. Gates, Alex van der Zwaan, a pour sa part été condamné à 30 jours de prison pour avoir menti au FBI.

Le numéro deux du ministère, Rod Rosenstein, est également devenu la nouvelle bête noire présidentielle alors qu’il a directement autorité sur le procureur Mueller. Il a assuré que son ministère ne céderait pas aux menaces alors qu’un groupe de représentants républicains a préparé une motion de destitution à son encontre. Son successeur pourrait avoir moins de scrupules à mettre fin aux investigations.

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