Tester des vaccins sur les Africains ? Nous ne sommes pas des cobayes !

Sur une chaîne d’information française, deux spécialistes de la santé ont prôné qu’un futur vaccin contre le Covid-19 soit testé sur les populations africaines. L’échange a soulevé un torrent de critiques sur le continent africain et dans la diaspora.

Dans le township d’Alexandra, en Afrique du Sud, le 31 mars 2020.  PHILL MAGAKOE / AFP

Révoltant ! Scandaleux ! Incroyable ! Choquant ! Le site Internet du quotidien du Burkina Faso Wakat Séra enchaîne les qualificatifs d’indignation pour dénoncer les propos tenus par deux spécialistes de la santé sur la chaîne d’information en continu LCI. Durant cet échange, le professeur Camille Locht, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, et Jean-Paul Mira, chef du service de réanimation à l’hôpital Cochin, espèrent la mise en place rapide à l’échelle mondiale de tests pour évaluer l’efficacité du vaccin contre la tuberculose, le bon vieux BCG, contre le Covid-19.

C’est par le professeur Jean-Paul Mira qu’arrive la polémique : Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ? Un peu comme c’est fait d’ailleurs pour certaines études sur le sida, où chez les prostituées on essaye des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées et elles ne se protègent pas? 

Ce à quoi répond favorablement le professeur Camille Locht, qui affirme qu’une étude sur le continent est en réflexion, tout en précisant que cela n’empêche pas une étude en Europe et en Australie.

L’Afrique comme laboratoire

Des propos qui ont déclenché la colère de nombreux internautes africains. Pourquoi ne proposent-ils pas de tester ces fameux vaccins sur leurs compatriotes qui tombent comme des mouches pulvérisées à l’insecticide? renchérit Wakat Séra, qui rappelle que la présence du nouveau coronavirus en Afrique trouve principalement son origine en Europe.

Pourquoi ramener l’Afrique à ce statut de laboratoire grandeur nature, après l’avoir considérée comme une poubelle où tous les déchets occidentaux, matériels comme humains, sont déversés à longueur de journée, malheureusement avec la complicité active ou passive de dirigeants africains uniquement guidés par leurs intérêts personnels et très égoïstes poursuit Wakat Séra.

Sur un continent où les fausses nouvelles fourmillent, le dialogue entre les deux spécialistes de la santé prend d’autant plus d’ampleur. Sur les réseaux sociaux, des célébrités africaines, dont les footballeurs ivoirien Didier Drogba et camerounais Samuel Eto’o ont vivement réagi.

C’est incroyable de cautionner cela. L’Afrique n’est pas un laboratoire. Je dénonce vivement ces propos racistes et avilissants, a ainsi écrit l’ancien attaquant de Chelsea. L’économiste togolais Kako Nubukpo s’est lui aussi indigné, et a réclamé plus de transparence sur ces essais cliniques.

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