Un fuselage en forme de baleine souriante, le Beluga XL, le nouvel avion-cargo de la famille Airbus, a pris les airs jeudi matin à Blagnac (Haute-Garonne) pour son premier vol d’essai.
Le décollage de l’appareil a déclenché un tonnerre d’applaudissements dans un public de plus de 10.000 personnes, essentiellement des salariés et sous-traitants de l’avionneur européen, qui agitaient des fanions à la gloire du nouveau (gros) bébé du groupe aéronautique.
Aujourd’hui nous découvrons l’engin, a lancé le directeur du programme Beluga XL, Bertrand George, avec un large sourire.
Même liesse, à l’atterrissage de l’appareil, 4 heures et 12 minutes plus tard, quand les airbusiens rassemblés sur le tarmac ont acclamé l’équipage en combinaisons oranges.
C’est beaucoup d’émotion, nos équipes ont travaillé dessus pendant des années, c’est une machine magnifique. On s’attend à beaucoup de choses et tout s’est bien passé, a déclaré à l’AFP le commandant de bord, Christophe Cail.
On est monté en configuration (trains sortis) jusqu’à 8.000 mètres, on a vérifié les systèmes, a précisé le pilote d’essai ajoutant que l’avion a ensuite rejoint son altitude de croisière à 32.000 pieds (9.700 m) et poussé à sa vitesse maximale de Mach 0,7 (830 km/h).
Durant cette boucle de plus de quatre heures, le Beluga XL a survolé les Pyrénées, puis a pris la direction des Cévennes, puis de la Méditerranée avant de retourner à Toulouse.
Seul bémol à cette journée, le Beluga ST numéro 1 qui effectuait également un vol de démonstration a dû procéder à un atterrissage d’urgence, une alarme s’étant déclenché, a indiqué Airbus, précisant que l’incident était sans gravité.
La baleine souriante
La ressemblance du Beluga XL avec la baleine blanche dont il porte le nom est accentuée par des yeux de cétacé et un large sourire peint sur la carlingue géante. Une décoration qui a été décidée par un vote des salariés du groupe.
L’Airbus A330-743L Beluga XL va progressivement remplacer l’actuel Beluga ST à partir de 2019 pour transporter des pièces de ses petits frères de la gamme Airbus entre les différents sites de production du groupe européen.
Ce nouvel avion est rendu nécessaire pour répondre aux exigences de montée en cadence, notamment avec la production du nouveau long courrier, l’A350 XWB, un avion de dernière génération qui fait largement appel aux matériaux composites, a expliqué le directeur du programme.
Aujourd’hui nous transportons les voilures de l’A350 XWB une par une, demain nous transporterons les voilures deux par deux. Il nous permettra d’améliorer l’économie de notre compagnie aérienne (Airbus Transport International/ATI, Ndlr), a-t-il ajouté.
Ainsi, la soute du nouveau géant des airs a pris de l’embonpoint par rapport à son prédécesseur, avec 6 mètres de plus en longueur et un mètre en largeur.
Une capacité de transport en hausse de 30%, avec la possibilité de digérer une charge marchande de 51 tonnes sur une distance de 4.074 kilomètres.
Un élément du système de production
Cet avion fait partie de notre système de production, a indiqué M. George en détaillant les usines européennes impliquées dans le puzzle Airbus mais qui ne sont qu’à 2 heures de vol de Toulouse. Tous les avions livrés par Airbus, à part l’A380 qui a son propre mode de transport, passent 2 heures dans le Beluga, a-t-il précisé.
Le programme lancé en 2014, prévoit la construction de cinq exemplaires d’XL. Une deuxième baleine volante est en cours d’assemblage.
Pour réaliser ce mastodonte, les ingénieurs sont partis d’une base de d’A330, dont nous n’avons pas modifié les ailes, les moteurs et la partie inférieure du fuselage, a précisé Bertrand George. C’est une excellente plateforme, une base robuste, a-t-il souligné, rappelant que plusieurs centaines d’A330 volent chaque jour à travers le monde.
Un premier Beluga XL doit entrer en service en 2019 et sera exploité parallèlement aux cinq appareils d’ancienne génération de la flotte d’ATI qui seront ensuite progressivement remplacés.
Pour ces derniers qui ne sont qu’en +milieu de vie+, M. George a souligné que la groupe Airbus travaille avec plusieurs opérateurs pour rechercher des gens intéressés par les appareils qui avaient jusqu’ici la plus grosse baie cargo du monde.