Le miracle n’a pas eu lieu. Pour échapper au désastre d’une élimination lors de ces qualifications à l’Euro 2016, les Pays-Bas devaient non seulement s’imposer à Amsterdam devant les Tchèques mais compter sur une défaite des Turcs qui recevaient, eux, des Islandais déjà qualifiés. L’équation semblait insoluble et la défaite subie à domicile face à la République tchèque (3-2), assortie d’un incroyable but contre son camp de Robin van Persie, l’a confirmée mardi soir. Dans le même temps, la Turquie a, elle, décroché sa qualification directe grâce à une place de meilleure troisième obtenue à la suite d’un succès 1-0 contre l’Islande.
Trente et un ans après son dernier championnat d’Europe des nations manqué, lors de l’édition 1984, déjà… en France, la sélection néerlandaise vit un deuxième traumatisme presque incompréhensible. Alors que l’Euro se disputera pour la première fois à 24 nations, il fallait faire fort pour manquer le tournoi 2016. En effet, les deux premières places de chaque groupe étaient directement qualificatives tandis que la troisième place permettait de se voir accorder une dernière chance par la grâce des barrages en matchs aller et retour. Des équipes comme l’Irlande du Nord, le pays de Galles, la Slovaquie, l’Islande ou l’Albanie ont ainsi profité de l’aubaine pour décrocher leur première participation.
Pour donner vie à ce scénario inattendu, les Néerlandais, quatrièmes du groupe A, ont réussi le tour de force de s’incliner à cinq reprises en dix rencontres, dont un enchaînement catastrophique les 6 et 9 septembre dernier : une défaite à domicile face à l’Islande (1-0) et une déroute en Turquie (3-0). En début d’éliminatoires en septembre et en octobre 2014, les demi-finalistes du Mondial 2014 avaient également chuté en République tchèque (2-1) et en Islande (1-0).
Le Brésil est bien loin
Séduisants troisièmes au Brésil, avec notamment une raclée infligée au tenant du titre espagnol (5-1) et une invincibilité (une élimination aux tirs au but en demi-finales contre les Argentins), les Pays-Bas n’ont pas réussi à digérer le départ de Louis van Gaal. La succession du technicien batave n’avait pourtant rien de précipité puisqu’il avait annoncé son départ à Manchester United, avant même le début de la Coupe du monde.
Chargé de succéder à Van Gaal, Guus Hiddink a complètement manqué son retour à la tête des Oranje (premier passage de 1994 à 1998). Et cet été, devant l’urgence, les dirigeants de la Fédération néerlandaise (KNVB) ont décidé de jeter dans le grand bain un quasi-néophyte, Danny Blind.
Même s’il fut l’adjoint de Hiddink depuis trois ans, l’ancien défenseur international possède une l’expérience d’entraîneur principal plutôt limitée qui se résume à une saison sur le banc de l’Ajax Amsterdam en 2005-2006.
Le proverbial électrochoc de la nomination d’un nouvel entraîneur n’a pas fonctionné. Les Pays-Bas version Blind ont perdu leurs deux premiers matchs en septembre dont celui rétrospectivement décisif à l’Arena d’Amsterdam le 6 septembre face aux Islandais.
Il faut dire que Danny Blind n’a pas été aidé par ses joueurs. Dès la 33e minute de jeu, le défenseur Bruno Martins Indi était expulsé. Sept minutes plus tôt, le capitaine Arjen Robben sortait sur blessure. Ce festival d’infortunes était couronné par un croc-en-jambe plutôt maladroit de Gregory van der Wiel en pleine surface de réparation qui donnait la victoire à l’adversaire.
Choix curieux de la Fédération
A l’exception notable de Klaas-Jan Huntelaar, meilleur buteur néerlandais des éliminatoires avec 5 buts, les vedettes néerlandaises n’ont pas répondu présentes. Arjen Robben (31 ans), souvent blessé, n’a marqué qu’à deux reprises et encore lors de la large victoire devant la Lettonie le 16 novembre 2014 (6-0). Robin van Persie (32 ans), l’ombre de lui-même avec Manchester United la saison dernière et guère plus en forme cette saison avec Fenerbahçe, a inscrit trois buts : lors du même succès face à la Lettonie, contre le Kazakhstan le 10 octobre 2014 (3-1) et hier soir, alors que son équipe était d’ores et déjà éliminée et menée 3-1 par les Tchèques.
La nouvelle génération ne manque cependant pas de talents, même si son fer de lance, le Mancunien Memphis Depay, révélation du Mondial 2014 avec trois buts, a traversé les éliminatoires sans se montrer décisif (aucun but et aucune passe décisive).
Lors du dernier match au Kazakhstan samedi (victoire 2-1), deux jeunes pousses ont fait leurs grands débuts avec succès. Les deux joueurs de l’Ajax, l’attaquant Anwar El-Ghazi (20 ans) et le défenseur Kenny Tete (20 ans), ont même reçu les compliments de Johan Cruyff. « Avec ces jeunes qui frappent à la porte, l’équipe actuelle ne manque pas de talent. Le problème se situe ailleurs… », a déclaré le double finaliste malheureux des Coupes du monde 1974 et 1978.
On imagine aisément que la figure tutélaire du football néerlandaise vise directement la KNVB. La Fédération néerlandaise assume, en tout cas, son choix puisqu’elle a déjà annoncé que Danny Blind poursuivrait l’aventure. Pour motif d’espoir, on peut rappeler que les Pays-Bas ont remporté leur seul titre international lors du championnat d’Europe 1988, quatre ans après avoir manqué l’édition 1984.