Chiffres à l’appui, le site américain The Bleacher Report repose le problème des entraîneurs noirs en NBA. Qui n’ont jamais été aussi peu nombreux depuis 16 ans.
Comme toute photographie à un instant T, elle est le produit d’une multitude de facteurs et de circonstances. Mais l’analyse faite par le site The Bleacher Report sur la présence des entraîneurs noirs en NBA risque de faire jaser outre-Atlantique. Dans une longue étude de cas, le site Internet du groupe Turner note qu’avant la disparition de Flip Saunders (remplacé par Sam Mitchell, entraîneur noir), il n’y avait que sept coaches noirs dans la NBA au début de la saison, soit 50% de moins qu’il y a trois ans et le plus maigre total depuis 1999.
Un chiffre bien en-dessous de la moyenne entre 2001 à 2014 (11). «C’est important de garder un œil sur ce qui se passe, estime Alvin Gentry, entraîneur (noir) des New Orleans Pelicans dans l’article. Dans cinq ans, où en serons-nous au niveau de ces chiffres ?» Mais l’ancien adjoint de Steve Kerr à Golden State, présent en NBA depuis près de 30 ans, estime que les équipes NBA «essaient d’engager des gens compétents peu importe la couleur de leur peau».
Les coaches noirs virés plus vite que leurs homologues blancs
Sur les 96 entraîneurs désignés depuis 2005, il y a eu 36 noirs, 59 blancs et Erik Spoelstra, d’origine américano-philipine. «J’estime que la ligue est juste, donc je pense que c’est plus une anomalie qu’autre chose. On va voir les chiffres augmenter d’ici quelques années», analyse Dwayne Casey, entraîneur des Toronto Raptors.
Autre chiffre marquant, les entraîneurs blancs restent en poste en moyenne 3,2 saisons contre seulement 2,85 à leurs homologues noirs. L’écart n’est que d’une trentaine de matches mais elle signifie, qu’en moyenne, ce dernier sera viré en ayant une intersaison de moins pour façonner l’équipe à sa convenance. Une vraie différence au final.
Moins d’anciens joueurs sur les bancs
Ce phénomène prend sa source dans le fait que les directions des franchises cherchent de plus en plus d’entraîneurs issus de filières non habituelles. Et se détournent un peu plus des anciens joueurs, qui sont à 75% noirs. D’ailleurs, depuis 2010, le nombre d’entraîneurs avec un passé de joueur dans la ligue est passé de deux tiers à la moitié.
Chez les adjoints, les noirs sont aussi sous-représentés avec 40% d’assistants cette saison (un chiffre monté près des 50% ces dernières saisons). Mais même parmi eux, il y a un sentiment diffus de ne pas être perçus à la hauteur de leur qualité. «Il y a beaucoup de discussions parmi les assistants qui n’ont pas l’impression qu’on leur donne une vraie chance, confie sous couvert d’anonymat un entraîneur vétéran noir à The Bleacher Report. Quand un propriétaire ou un manager général sort un entraîneur de nulle part avec une foi totale en ce coach alors qu’il n’a aucune expérience, aucun bilan à montrer face à quelqu’un qui a bossé d’arrache-pied depuis des années dans ce milieu… Forcément, la discussion va continuer.» Et le débat, toujours très sensible aux Etats-Unis sur les questions raciales, aussi.