Le parquet va ouvrir une information judiciaire sur la mort de Naomi Musenga

Son visage avait bouleversé la France: six mois après la mort de Naomi Musenga, décédée après avoir été raillée par une opératrice du Samu, le procureur de la République de Strasbourg a annoncé mercredi l’ouverture d’une information judiciaire.

Le frère de Naomi Musenga demande justice pour sa soeur lors d’une marche silencieuse à Strasbourg | AFP/Archives / FREDERICK FLORIN

 

Je procéderai dans les prochains jours à l’ouverture d’une information judiciaire du chef de non-assistance à personne en péril contre l’opératrice du centre des appels d’urgence et tous autres, ainsi que du chef d’homicide involontaire contre X, a annoncé le procureur de Strasbourg, Yolande Renzi, dans un communiqué.

Le procureur a indiqué avoir reçu mardi plusieurs membres de la famille Musenga avec leur avocat et avoir pu évoquer avec eux les éléments médicaux obtenus qui expliquent le décès de Naomi Musenga comme étant la conséquence d’une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours.

La destruction évolutive des cellules de son foie a emporté une défaillance de l’ensemble de ses organes conduisant rapidement à son décès, a précisé Mme Renzi.

La mort de Naomi Musenga, une Strasbourgeoise de 22 ans, décédée le 29 décembre, dont l’appel de détresse avait été traité avec mépris par une régulatrice du Samu, avait soulevé une vague d’indignation dans l’Hexagone.

Un document sonore, relatant les échanges entre la jeune femme et l’opératrice, avait été largement diffusé par les médias et les réseaux sociaux.

Un millier de personnes avaient défilé le 16 mai dans le centre de Strasbourg, pour réclamer justice et vérité pour Naomi.

Un cauchemar

Après le déclenchement de la polémique, le responsable du Samu de Strasbourg avait présenté sa démission et la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait indiqué qu’il n’y aurait pas d’autres sanctions.

L’assistante de régulation mise en cause avait été suspendue début mai et devait faire l’objet d’une procédure disciplinaire.

L’ouverture d’une information judiciaire était une demande très forte des parents de la jeune femme, décédée aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). Reçus mercredi soir par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, à Paris, avec d’autres membres de la famille et leurs conseils, ils se sont dits soulagés.

Nous pourrons avoir des réponses (…) j’attends que justice soit faite, que les sanctions soient prises, que chacun porte ses responsabilités et qu’on nous facilite l’accès aux informations du dossier, a déclaré Honorine Musenga, la mère de Naomi, sur le perron du ministère.

Mais je ne crois pas que la prise de paracétamol soit la cause qui a précipité le décès de ma fille, qui était bien informée sur la manière de prendre ce médicament, et nous allons le prouver, a aussi réagi le père de la jeune femme.

L’enquête judiciaire et la contre-expertise de ceux qui sont avec nous, qui fouillent déjà le dossier vont établir certaines responsabilités, et éclairer certaines zones d’ombre, a-t-il assuré.

Parallèlement à une enquête administrative confiée à l’Inspection des affaires sociales (Igas), le parquet de Strasbourg avait ouvert début mai une enquête préliminaire, mais cette procédure ne permettait pas à la famille ou à ses avocats d’accéder au dossier.

Les dysfonctionnements soulevés par l’Igas avaient entraîné un retard global de prise en charge de près de 2h20 de la jeune mère de famille, décédée finalement à l’hôpital plusieurs heures après son premier appel aux urgences.

Le mois dernier, Me Jean-Christophe Coubris, l’un des avocats de la famille, estimait qu’il était inacceptable que l’on reste sur ce schéma d’enquête préliminaire, vécu comme un cauchemar.

Me Mohamed Aachour, autre avocat de la famille, avait demandé que des mises en examen soient prononcées et qu’une information judiciaire soit ouverte.

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