En Arabie saoudite, une domestique indienne se fait couper la main en tentant de fuir

Dans une rue de Riyad, en février 2014. AFP PHOTO/FAYEZ NURELDINE FAYEZ NURELDINE / AFP

Kashturi Munirathinam, une Indienne qui travaillait en tant que domestique en Arabie saoudite, s’est fait couper la main par son employeur alors qu’elle tentait de s’enfuir de la maison où elle subissait de mauvais traitements. L’affaire a provoqué un début de crise diplomatique entre les deux pays, d’autant que les incidents de ce type sont loin d’être inhabituels en Arabie saoudite.

Dans une rue de Riyad, en février 2014. AFP PHOTO/FAYEZ NURELDINE FAYEZ NURELDINE / AFP

L’Inde, par le biais de sa ministre des affaires étrangères Sushma Swaraj, s’est formellement plainte auprès des autorités saoudiennes, rapporte The Telegraph. Sur Twitter, la ministre a dénoncé un acte « inacceptable ».

  « Nous sommes très perturbés par la manière brutale dont a été traitée une femme indienne en Arabie saoudite. Nous avons pris contact avec les autorités saoudiennes. »

« Ne pas avoir été payée et être torturée »

Agée d’une cinquantaine d’années, Kashturi Munirathinam était arrivée en Arabie saoudite il y a trois mois pour occuper un emploi de femme de ménage, d’abord dans la ville de Dammam, dans l’est, puis dans la capitale Riyad, pour un salaire d’environ 200 euros par mois, raconte The Guardian.

Selon sa sœur, interrogée par The Indian Express, elle se plaignait « de ne pas avoir été payée et d’être torturée ». Son employeur lui a tranché la main « quand elle essayait de s’enfuir de la maison en descendant du balcon ».

« On nous a dit que l’accident avait eu lieu dans la soirée du 29 septembre (…) Des voisins l’ont amené à l’hôpital. Des représentants de l’ambassade d’Inde […] ont dit qu’elle souffrait d’une blessure à la colonne vertébrale qu’elle s’est faite en tombant du balcon. »

La BBC rapporte les propos du fils de la victime, qui affirme que dès que sa mère « a été embauchée dans cette famille au mois de juillet, rien n’allait ».

« Elle n’était même pas autorisée à nous téléphoner, on ne lui donnait pas de nourriture correcte et elle était forcée de travailler de longues heures. »

L’Inde demande justice pour sa ressortissante

Un porte-parole du ministère indien des affaires étrangères a assuré que l’Inde continuerait de demander justice pour sa ressortissante :

« Notre ambassade à Riyad a évoqué le problème avec le bureau des affaires étrangères saoudien et a demandé une action stricte et le châtiment sévère du parrain [ou sponsor, l’employeur de la domestique]. Nous avons exigé qu’une enquête pour tentative d’assassinat soit ouverte contre lui. »

Les autorités saoudiennes n’ont pas encore répondu publiquement aux demandes de l’Inde. L’indignation soulevée pour cet acte brutal fait écho au scandale d’un diplomate saoudien accusé de multiples viols et abus sur deux employées de maison népalaises et qui avait pu quitter l’Inde grâce à son immunité diplomatique.

Les conditions des domestiques dans les pays du Golfe sont régulièrement dénoncées par les associations de défense des droits de l’homme. Un rapport publié par Amnesty International en avril 2014 sur les employées de maison au Qatar faisait état de nombreux cas de tortures, mauvais traitements et de violences sexuelles par les employeurs.

La monarchie saoudienne est l’une des plus dures au monde. Le régime s’est montré intraitable avec le blogueur et militant Raif Badawi, en prison depuis 2012. Riyad a aussi prévu de décapiter puis de crucifier en place publique le jeune opposant chiite Ali Mohammed Al-Nimr, accusé d’avoir participé en 2012 à une manifestation contre le régime dans la région majoritairement chiite de Qatif, lorsqu’il était âgé de 17 ans. Autant de faits qui ont rendu la nomination du pays à la tête du « groupe consultatif » du Conseil des droits de l’homme des Nations unies extrêmement problématique.

Articles simulaires

Tourner en ridicule le rire de Kamala Harris : une stratégie risquée, selon Baudelaire

Tim Walz permettra-t-il à Kamala Harris d’attirer l’électorat rural ?

J.D. Vance et le nouveau visage de la droite américaine