Coronavirus: pourquoi l’Afrique semble relativement épargnée

Si l’on recense plus de 6.500 cas en Afrique, ce contient semble, jusqu’à présent, relativement préservé du Covid-19. Mais la densité de population et le système de santé de certains pays font craindre le pire, comme l’expliquent ces spécialistes contactés par Le HuffPost.

Alors que l’épidémie de Covid-19 a infecté presqu’un million de personnes à travers le monde, l’Afrique reste relativement épargné avec environ 6.500 cas officiellement recensés. | JEKESAI NJIKIZANA VIA GETTY IMAGES

C’est en Égypte, le 14 février 2020 qu’a été recensé le premier cas de Covid-19 en Afrique. Pourtant, six semaines plus tard, sur le continent africain, au moins 6.500 personnes ont été recensées comme infectées pour 237 décès.

Ces chiffres, peu élevées comparativement à d’autres continents, s’expliquent par différents facteurs: comme le peu de mobilité internationale vers cette région ou la présence d’une population jeune qui résiste mieux, en général, à ce type de virus. Mais à l’inverse, c’est une population fragile pour diverses raisons.

Tout d’abord, les déplacements de l’Europe ou de la Chine vers l’Afrique sont peu nombreux. Yannick Jaffré, anthropologue médical et chercheur au CNRS, détaille au HuffPost: Par exemple, la guerre au Sahel a entraîné une baisse énorme du tourisme en Afrique de l’Ouest. La majorité des déplacements en Afrique se font à l’intérieur du continent. 

Sur ce point, une étude du 20 février 2020, publiée dans la revue scientifique The Lancet, a travaillé sur le volume de voyages en avion au départ des aéroports des provinces infectées en Chine et dirigé vers l’Afrique entre janvier 2019 et février 2020. Ils en ont alors déduit que l’Algérie, l’Égypte et l’Afrique du Sud seraient les pays les plus durement touchés. Il s’avère que ce jeudi 2 avril, il s’agit des trois pays où l’on comptabilise le plus grand nombre de cas (respectivement 847, 779 et 1380 cas confirmés). 

Cela montre que le coronavirus dépend beaucoup de la mobilité des personnes pour se répandre à travers le monde, et que les mesures de confinement sont capables de contrer cette épidémie. 

40% des africains ont moins de 15 ans

En Afrique, de nombreux cas de Covid-19 risquent de passer inaperçu pour certains facteurs. Yannick Jaffré explique: 40% de la population africaine a moins de 15 ans et face à la maladie ils sont plus résistants et le plus souvent asymptomatiques.

Mais même si la population est très jeune, elle reste vulnérable. Arnaud Banos, géographe et directeur de recherche au CNRS explique au HuffPost: Pour le HIV, deux tiers des porteurs vivent en Afrique et pour la tuberculose, un quart des nouveaux cas apparaissent en Afrique. Ces personnes seront plus fragiles face au coronavirus. Pour le chercheur, les pays africains doivent faire un maximum de dépistage comme le conseil l’OMS pour empêcher le développement de la maladie. Cela pourrait permettre aux états de casser la chaîne de contamination. 

Par ailleurs, mettre en place des mesures de confinement sera compliqué. Sur ce point, Yannick Jaffré déclare: Le confinement va être quelque chose de difficile pour une partie de la population qui gagne de l’argent au jour le jour pour se nourrir. De plus, certaines mégalopoles africaines ont une densité de population très élevée ce qui rend encore plus compliqué ce confinement. 

Un système de santé souvent mal préparé

En matière de santé, tous les pays africains ne sont pas logés à la même enseigne. Beaucoup sont dépendants de l’aide d’ONG, des Nations Unies ou d’autres états. Mais cela peut poser problème.

Tout d’abord, l’accès à l’eau et au savon est problématique pour une partie de la population africaine. Sans cela, il est presque impossible de mettre en place des mesures d’hygiène efficaces. De plus, la plupart des respirateurs que possèdent les hôpitaux sont des dons, donc la question de leur maintenance va poser problème. Ils ne disposent souvent pas de pièces de rechange. 

Un autre problème est la confiance qu’ont les gens envers leurs gouvernements et leurs systèmes de santé. Yannick Jaffré rapporte: On a vu dans le cadre d’Ebola, que les populations n’accordaient pas de confiance à leurs gouvernants. Dans certains cas, les familles préfèrent garder le malade chez eux plutôt que de l’emmener à l’hôpital.

De plus, les populations privilégient les circuits-courts. Ils vont préférer acheter des médicaments à des vendeurs dans la rue plutôt que d’aller chez le médecin, obtenir une ordonnance et aller à la pharmacie. Il va donc être compliqué de recenser les cas de Covid-19 dans les différents pays. 

Malgré tout, le coronavirus s’est encore peu développé en Afrique à cause de différentes causes. Les températures et le climat sont peut-être aussi des facteurs, mais les chercheurs manquent de donnés pour en être sûr. Ce qui est certain, c’est que si l’épidémie se développe en Afrique, les conséquences pourraient être importantes pour les populations.

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