La présidente sud-coréenne déchue Park Geun-hye a été condamnée vendredi à huit ans de prison pour avoir en particulier bénéficié illégalement de fonds des services d’espionnage, une peine qui s’ajoute à celle de 24 ans de réclusion qu’elle purge déjà.
Celle qui fut la première femme à accéder à la fonction suprême est déjà en prison après sa condamnation en avril à 24 années de réclusion pour abus de pouvoir et corruption dans un énorme scandale à tiroirs qui avait suscité des manifestations monstres.
Mme Park, 66 ans, n’était pas présente quand le tribunal du district central de Séoul lui a infligé six ans pour le détournement de fonds du Service national du renseignement (NIS) et deux ans pour être intervenue illégalement dans la désignation des candidats de son parti conservateur aux législatives de 2016.
Les peines n’ont pas été confondues, ce qui signifie qu’elle doit purger un total de 32 ans derrière les barreaux.
Elle a été reconnue coupable d’avoir touché un total de 3,3 milliards de wons (2,6 millions d’euros) détournés des caisses du renseignement.
L’accusée a reçu environ trois milliards de wons sur trois ans de la part de trois chefs du NIS. L’accusée a causé au trésor public des pertes considérables du fait de son crime, a dit le tribunal.
Le tribunal a également reproché à l’ancienne présidente, qui démentait toutes les charges, son manque de coopération pendant le processus judiciaire.
Le parquet accuse Mme Park de s’être servie de l’argent pour l’entretien de son domicile privé, financer une boutique où sa confidente de l’ombre Choi Soon-sil lui faisait confectionner ses vêtements et autres services privés, dont des massages.
Mme Choi, l’amie secrète et le personnage central du scandale, a elle été condamnée à 20 ans de réclusion pour abus de pouvoir, corruption et ingérence dans les affaires de l’Etat. Elle s’était servie de ses liens privilégiés avec Mme Park pour extorquer des millions d’euros à des entreprises dont le géant Samsung.
Ne s’est jamais repentie
Dans cette dernière affaire, le parquet a saisi vendredi la cour d’appel pour demander que sa peine soit portée de 24 à 30 ans, arguant que le tribunal avait été trop clément en première instance.
Il a aussi réclamé que l’amende à laquelle elle avait été condamnée soit multipliée par six, à 118,5 milliards de wons.
L’accusée ne s’est jamais repentie et n’a jamais présenté d’excuses sincères au peuple, ont déclaré les magistrats dans un communiqué. Depuis octobre 2017 elle ne s’est jamais présentée à l’audience.
Les avocats de Mme Park demandent pour leur part son acquittement, arguant qu’elle n’a tiré aucun profit personnel des fonds donnés par les conglomérats sud-coréens à des fondations sous le contrôle de Mme Choi. Par sa destitution et sa disgrâce, ajoutent-ils, elle a déjà endossé la responsabilité politique de l’affaire.
La Haute cour de Séoul prendra sa décision sur le sujet le 24 août.
En avril, Mme Park a été reconnue coupable d’avoir reçu ou réclamé plus de 17 millions d’euros aux groupes sud-coréens, d’avoir partagé des documents confidentiels avec Mme Choi, ordonné la création d’une liste noire d’artistes critiques ou encore limogé les responsables qui osaient s’élever contre ses abus.
L’ex-présidente est la fille aînée du défunt dictateur militaire Park Chung-Hee. Le règne de celui-ci a été entaché par des violations des droits de l’Homme mais il est aussi crédité d’avoir présidé à la métamorphose économique de la Corée du Sud dans les années 1960 et 1970.
Après l’assassinat de son père en 1979 par le patron de l’espionnage, Mme Park s’était retrouvée isolée alors que sa mère avait elle-même été tuée cinq ans auparavant par un Nippo-Coréen suspecté d’agir aux ordres de Pyongyang. C’est alors qu’elle s’était liée d’amitié avec Mme Choi, la fille du mystérieux leader d’un mouvement aux allures de secte.