Au lendemain d’un discours aux accents triomphants devant le Congrès, Donald Trump se préparait mercredi à un acquittement annoncé, épilogue d’une procédure de destitution qui a divisé l’Amérique mais n’a pas fait vaciller sa base électorale.
Si sa mise en accusation pour abus de pouvoir restera une tache indélébile sur son mandat, ce dénouement attendu souligne combien il peut compter sur un parti républicain aux ordres, un atout de taille à neuf mois d’une élection où il briguera un deuxième mandat.
Le suspense est quasi-nul: la Constitution des Etats-Unis impose une majorité des deux tiers (67 sièges sur 100) pour le déclarer coupable et le milliardaire sait pouvoir compter sur le soutien sans faille d’au moins 52 des 53 sénateurs républicains.
Les démocrates réclament la destitution du 45e président des Etats-Unis pour avoir essayé de forcer l’Ukraine à salir son possible adversaire à la présidentielle Joe Biden, notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en guerre.
Depuis que le scandale a éclaté, l’hôte de la Maison Blanche se dit victime d’une chasse aux sorcières orchestrée par ses adversaires qui n’auraient pas digéré sa victoire-surprise de 2016.
49% d’opinions favorables
La stratégie semble avoir, au moins pour partie, porté ses fruits.
Donald Trump traverse, de fait, une période plutôt favorable: selon le dernier sondage de l’institut Gallup, il enregistre 49% d’opinions favorables, un record depuis son arrivée au pouvoir.
Cerise sur le gâteau: les primaires de ses adversaires démocrates pour lui désigner un adversaire ont débuté lundi dans l’Iowa par un retentissant fiasco qui lui permet de rester sous la lumière des projecteurs, la position qu’il préfère.
Mardi soir, devant le Congrès réuni au grand complet, le milliardaire républicain a vanté ses résultats incroyables.
Dans l’hémicycle, la tension était palpable. Avant le discours, Donald Trump a ostensiblement évité de serrer la main que lui tendait la cheffe démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi. Et cette dernière, une fois l’allocution finie, a déchiré dans un geste spectaculaire sa copie du discours.
Clins d’oeil appuyés à son camp
Contrairement à tant d’autres avant moi, je tiens mes promesses, a lancé Donald Trump, sans cesse coupé par les ovations debout et les USA, USA des républicains, tandis que dans l’autre moitié de l’hémicycle, l’opposition démocrate restait assise et le plus souvent de marbre.
Dans cette même Chambre des représentants qui l’a mis en accusation, il a brassé tous les thèmes de la campagne à venir pour le scrutin du 3 novembre: son mur puissant contre l’immigration venue du Mexique, son intention d’interdire l’avortement tardif, et les accusations contre les candidats démocrates qui prônent selon lui une mainmise socialiste sur notre système de santé.
Mais c’est surtout sur la grande réussite économique des Etats-Unis et le boom des cols bleus qu’il a mis l’accent, lors d’un discours sans annonce ni surprise. Notre stratégie a marché, a-t-il martelé, en évoquant ses récents accords commerciaux avec la Chine, le Canada et le Mexique.
Le président a aussi défendu sa politique étrangère, à l’instar de son soutien à l’opposant vénézuélien Juan Guaido, un de ses invités au Congrès, contre le dictateur socialiste Nicolas Maduro dont il a promis de briser la tyrannie.
Dernier clin d’oeil appuyé à son camp, Donald Trump a enfin annoncé que Rush Limbaugh, animateur radio et figure de la sphère conservatrice qui vient de révéler qu’il souffrait d’un cancer du poumon, recevrait la médaille de la Liberté. Elle lui a été remise, sous des applaudissements nourris, par la Première dame Melania Trump.
Boycott d’élus démocrates
A aucun moment, l’impeachment n’aura donc été évoqué. Le président, que de nombreux républicains invitaient à tourner vite la page, a donc fait profil bas sur ce point comme son lointain prédécesseur démocrate Bill Clinton lors de son grand discours annuel en 1999.
Mais l’ombre du procès, qui a marqué une rupture définitive entre les trumpistes et les démocrates, planait sur l’hémicycle.
Les élus de l’opposition se sont le plus souvent abstenus d’applaudir, alors que les précédents discours sur l’état de l’Union ont pu être scandés par davantage de parenthèses consensuelles.
Alexandria Ocasio-Cortez, benjamine du Congrès et figure montante de la gauche démocrate, fait partie des élus qui ont boycotté ce rendez-vous institutionnel pour ne pas légitimer un président qui ne respecte selon elle ni les lois ni la Constitution. D’autres sont partis en plein milieu, dénonçant ses mensonges.