La pittoresque ville anglaise de Windsor, qui accueille samedi le mariage du prince Harry avec l’Américaine Meghan Markle, a pris des allures de forteresse: chaque recoin est passé au crible pour garantir la sécurité des noces et des dizaines milliers de spectateurs attendus.
Parmi la foule venue nombreuse jeudi assister à la répétition par l’armée de la procession en calèche des futurs mariés, des dizaines de policiers patrouillent à pied, en voiture, à vélo ou à cheval sous un chaud soleil printanier.
Dans une des rues jouxtant le château où la reine Elizabeth II aime passer ses week-ends, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Londres, ils examinent, une petite lampe torche à la main, tous les lampadaires, feux tricolores, poubelles ou plaques d’égout sur leur parcours.
Nous procédons simplement à des inspections pour assurer que le mariage se déroule en toute sécurité, dit l’un d’eux à l’AFP. Un autre est à la recherche d’éventuels explosifs avec son chien renifleur mais, comme ses collègues, refuse de s’étendre davantage sur sa mission.
Fouilles
Des barrières massives ont été mises en place pour prévenir toute attaque au véhicule-bélier, plusieurs routes ont été fermées, les plaques d’immatriculation des voitures sont scannées automatiquement et les caméras de surveillance déployées en nombre dans la cité de plus de 30.000 habitants.
Le dispositif de sécurité, préparé depuis des mois, est à la mesure de la foule attendue: le mariage, qui sera relayé par quelque 5.000 journalistes accrédités, devrait attirer plus de 100.000 visiteurs, selon la police du district de la vallée de la Tamise.
Il y a aussi de nombreuses mesures de sécurité qui ne se voient pas, souligne un porte-parole auprès de l’AFP.
Le jour J, les gares seront sous haute surveillance, les véhicules inspectés et les visiteurs soumis à des fouilles. Aucun drone ne pourra survoler la zone.
Il peut y avoir des manifestations et les choses peuvent toujours mal tourner quand vous avez ce genre de foule, souligne Chris Phillips, un ancien responsable du contre-terrorisme de la police britannique, interrogé par l’AFP. Mais la plus grande menace, c’est évidemment le terrorisme.
Il faut traiter tout le monde comme un possible fauteur de trouble ou terroriste, résume celui qui dirige aujourd’hui Ippso, une société de conseil en sécurité.
Secoué en 2017 par une série d’attentats revendiqués par le groupe jihadiste État islamique, le Royaume-Uni est en niveau d’alerte grave, soit l’avant-dernier échelon correspondant à une menace d’attentat hautement probable.
Ambassadeurs
Mais si tout le monde peut constituer une menace, cela fait aussi autant de paires d’yeux (…) pouvant signaler des choses inhabituelles ou quelqu’un agissant de manière suspecte, souligne l’ex-policier.
Plus que le risque d’attentat, c’est l’affluence que redoute le plus Rekha Parker, une quinquagénaire de Windsor, qui tentera d’apercevoir les mariés samedi avec sa fille de 9 ans. S’il y a trop de gens, je retournerai à la maison, affirme-t-elle à l’AFP.
Il y a assez de policiers mais, si des gens veulent mener une attaque, ils mèneront une attaque, estime son amie Leigh Smith, une mère de famille de 40 ans.
Pour les mariés, un des risques majeurs sera la procession en calèche, ouverte et non blindée. Il faut s’assurer de ne laisser aucun espace aux snipers et de ne pas laisser les gens s’approcher trop près. C’est la clé, dit Chris Phillips.
Même si le risque zéro n’existe pas, la police se veut rassurante: aucune information en notre possession ne laisse penser que cet événement constitue une cible.
Les autorités locales ont également déployé des dizaines d’ambassadeurs volontaires chargés d’encadrer les visiteurs en liaison avec la police, explique l’un d’eux, Bob Gardner, à l’AFP. Nous signalons tout ce qui semble suspect. Ce matin même, nous avons découvert un sac à dos paraissant abandonné. Heureusement, nous avons pu retrouver son propriétaire.
Le nombre des policiers mobilisés n’a pas été dévoilé – probablement plusieurs milliers, estime Chris Phillips. Pas plus que le coût de la sécurité, assumé par le contribuable. Au mariage de Kate et William en 2011, il s’était élevé à 6,3 millions de livres (7,2 millions d’euros), selon l’agence Press Association.