Le sexe est un sujet bien trop important pour ne pas être pris au sérieux.
D’après Ennocence, association spécialisée dans la lutte contre la pornographie présente sur les sites non pornographiques, les enfants ont en moyenne 11 ans lorsqu’ils sont confrontés pour la première fois à ce type d’images. Un constat alarmant qui doit nous inviter à libérer notre parole autour de la sexualité pour protéger les plus jeunes.
Le sexe est un sujet bien trop important pour ne pas être pris au sérieux. Le temps où il était rangé sur les étagères des vieux tabous, en France, doit passer; il est devenu un véritable fait de société, un marqueur de notre temps avec ses problématiques propres. Nous devons donc nous l’approprier pour en débattre. Et parmi les questions qui reviennent fréquemment, il en est une, notamment, qu’il me semble primordiale de traiter. Comment sensibiliser les enfants à la sexualité alors qu’ils passent de plus en plus de temps sur Internet, ce temple de l’ultra-violence parfois subie?
Aujourd’hui, il est deux manières antagonistes de confronter les pré-adolescents qui se lancent à la découverte de la vie à la problématique sexuelle. L’une, la pornographie, est brutale, malveillante et, donc, non désirable. L’autre, l’éducation sexuelle, est mesurée, constructive et, donc, à privilégier. Le problème, c’est que la première, qui pullule de plus en plus sur le Web, est extrêmement facile d’accès pour l’enfant, qui sera la plupart du temps gêné d’aborder la question avec son entourage.
Heureusement, il existe un consensus sur ce point, que nulle croyance religieuse ni partisanerie politique ne délégitime: il faut à tout prix détourner les jeunes yeux de la pornographie. Les conséquences, dans le cas inverse, sont connues: les enfants ont une fausse idée de ce qu’est le sexe, qu’ils associent à un acte de violence, éventuellement reproduit plus tard. Les vidéos que l’on peut consommer sur les écrans d’ordinateur jouent la plupart du temps sur les rapports de domination — hétérosexuelle comme homosexuelle. Dont le pendant indésirable est, logiquement, la soumission, celle-ci étant fréquemment poussée à l’extrême.
Le danger des sites de streaming illégaux
Là où le bât blesse, c’est que la pornographie en ligne ne se niche pas uniquement sur des sites Internet dédiés. L’une de ses destinations préférées? Les plateformes de streaming illégal, permettant de regarder des films et des séries gratuitement -mais de manière illicite-, qui regorgent parfois de publicités pornographiques indésirables. Elles prennent dans la plupart des cas la forme de pop-up, et surgissent devant la fenêtre principale de navigation, sans avoir été sollicitées par l’utilisateur. Qui peut avoir vite fait de cliquer dessus.
Cette pratique, absolument illégale, est d’autant plus immorale que les enfants naviguent sur Internet de plus en plus jeunes. D’après l’association Ennocence, spécialisée dans la protection des enfants contre les risques d’exposition à la pornographie en ligne, ces derniers ont en moyenne 11 ans lorsqu’ils sont exposés pour la première fois à des images pornographiques sur la Toile. Et 14% des 9-16 ans et 36% des 15-16 ans ont déjà surfé sans le vouloir sur l’un de ces sites pour adulte. Pour l’association, la cible à abattre est d’ailleurs cette fameuse fenêtre pop-up, responsable à 72% des glissements non provoqués vers des sites classés X.
Pour ce faire, il existe plusieurs solutions, rappelle Ennocence. L’usage d’un logiciel de contrôle parental et l’utilisation d’un bloqueur de publicités sont ainsi fortement conseillés. Et parce qu’aucune de ces solutions n’est efficace à 100%, et que rien ne vaut la prévention verbale, l’association -et je la rejoins fortement sur ce point- préconise aux parents, mais également à toute personne susceptible d’encadrer des jeunes, la discussion. De la même manière qu’il ne faut pas tourner le dos à un enfant qui pose des questions sur la sexualité -ce qui est non seulement normal, mais souhaitable-, il faut l’avertir, à partir d’un certain âge, sur ces prédateurs sexuels que sont les sites malveillants.