Un Japon divisé sur son avenir militaire commémore Hiroshima

Prère sur les bords du fleuve Motoyasu, face au "Dôme", à Hiroshima. Les cloches ont retenti tandis que des milliers de personnes priaient tête baissée jeudi à Hiroshima pour les cérémonies marquant le 70e anniversaire du lâcher de la première bombe atomique sur le Japon. /Photo prise le 6 août 2015/REUTERS/Thomas Peter

par Hyun Oh et Toru Hanai

HIROSHIMA, Japon (Reuters) – Les cloches ont retenti tandis que des milliers de personnes priaient tête baissée jeudi à Hiroshima pour les cérémonies marquant le 70e anniversaire du lâcher de la première bombe atomique sur le Japon.

Prère sur les bords du fleuve Motoyasu, face au “Dôme”, à Hiroshima. Les cloches ont retenti tandis que des milliers de personnes priaient tête baissée jeudi à Hiroshima pour les cérémonies marquant le 70e anniversaire du lâcher de la première bombe atomique sur le Japon. /Photo prise le 6 août 2015/REUTERS/Thomas Peter

Le maire d’Hiroshima, Kazumi Matsui, a demandé la suppression des armes nucléaires et la création de systèmes de sécurité qui ne dépendent pas de la puissance militaire.

Travailler avec patience et persévérance pour parvenir à ces systèmes sera vital et nécessitera que nous encouragions partout dans le monde la voie de la paix véritable révélée par le pacifisme de la Constitution japonaise, a déclaré le maire d’Hiroshima, en contraste avec les projets du gouvernement.

Le gouvernement du Premier ministre Shinzo Abe veut faire voter des lois autorisant l’armée japonaise à participer à des conflits, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui suscite une vague de protestation dans tout l’archipel.

Hostiles à ces projets, des survivants du bombardement ont pris Shinzo Abe à partie au cours d’une rencontre organisée à l’issue de la cérémonie.

Ces lois vont faire renaître la tragédie de la guerre dans notre pays, a notamment déclaré Yukio Yoshioka, aujourd’hui âgé de 86 ans. Elles doivent être retirées.

Le chef du gouvernement, qui a plaidé dans un discours pour la fin des armes nucléaires, a répondu en affirmant qu’une nouvelle législation était nécessaire pour garantir la sécurité du pays.

MON GRAND-PÈRE EST MORT ICI

L’opposition aux nouvelles lois sur l’engagement militaire — elles ont passé la chambre basse du Parlement et sont débattues au Sénat — reste forte. Le Premier ministre bénéfice désormais d’un taux de soutien inférieur à 40%.

Un groupe national de survivants des bombes, Nihon Hidankyo, a accusé le gouvernement de vouloir passer en force au Parlement.

Plus la discussion avance et plus il devient clair qu’ils bafouent la Constitution et son renoncement à la guerre et à la puissance militaire, a déclaré Nihon Hidankyo dans un communiqué.

A 8h15 (mercredi 23h15 GMT), l’heure exacte où la bombe larguée par l’aviation américaine a explosé le 6 août 1945, la foule s’est figée dans la chaleur lourde de l’été dans un moment de silence seulement troublé par le chant des cigales et le son de la cloche de la paix.

Mon grand-père est mort ici à ce moment-là et je continue à me demander ce qu’il a ressenti, déclare Tomiyo Sota. Il n’avait que 21 ans et cela me fait de la peine de penser qu’il est mort si jeune.

La bombe d’Hiroshima a fait au total 140.000 morts (dont 100.000 immédiatement). Trois jours plus tard, celle larguée à Nagasaki, le 9 août 1945, a tué 40.000 personnes. Puis, le Japon a capitulé et la guerre a pris fin le 15 août.

(Danielle Rouquié et Simon Carraud pour le service français)

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