Quatre morts dans une attaque contre le consulat chinois à Karachi au Pakistan

L'attaque du consulat chinois de Karachi a été revendiquée par un mouvement séparatiste, l'Armée de libération du Baloutchistan (ALB), une province instable du sud-ouest du Pakistan | AFP / ASIF HASSAN

Quatre personnes – deux policiers et deux civils – ont été tuées vendredi dans l’attaque par des hommes armés du consulat de Chine à Karachi, la plus grande ville du Pakistan, revendiquée par un groupe séparatiste baloutche qui qualifie Pékin d”oppresseur.

L’attaque du consulat chinois de Karachi a été revendiquée par un mouvement séparatiste, l’Armée de libération du Baloutchistan (ALB), une province instable du sud-ouest du Pakistan | AFP / ASIF HASSAN

 

Les forces de l’ordre ont sécurisé la zone et abattu les assaillants, ont annoncé deux ministres pakistanais après cette nouvelle attaque contre les intérêts au Pakistan de la Chine, son premier partenaire économique.

Tous les terroristes ont été éliminés lors d’une opération fructueuse des forces de sécurité, a affirmé le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi. La situation est sous contrôle, s’est réjoui le ministre de l’Information, Fawad Chauhdry.

Pékin, via un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Geng Shuang, a condamné fermement l’attaque et demandé à Islamabad de prendre des mesures concrètes pour assurer la sécurité des citoyens et des institutions chinois au Pakistan.

De tels incidents ne pourront jamais saper la relation Pak-Chine, qui est plus puissante que l’Himalaya et plus profonde que la mer d’Arabie, a de son côté rassuré le Premier ministre pakistanais Imran Khan, dans un communiqué, tout en ordonnant une enquête complète sur l’attaque.

L’attaque a démarré vers 09H30 (04H30 GMT) quand trois hommes armés ont tenté d’entrer dans le consulat chinois, a déclaré à l’AFP Ameer Sheikh, le chef de la police de Karachi.

Ils tenaient des kalachnikov. Ils ont d’abord lancé une grenade, puis ils ont commencé à tirer, a raconté Allah Bakhsh, un gardien d’une maison voisine, qui a assisté à la scène.

Des photos et vidéos sur les réseaux sociaux montraient des nuages de fumée s’élever de la zone.

Deux policiers sont morts dans les combats, ont indiqué les deux ministres. Deux civils, un père et son fils, venus à Karachi depuis Quetta (la capitale du Baloutchistan voisin) pour récupérer un visa chinois ont également été tués dans l’échange de tirs, a déclaré Kaleem Imam le chef de la police du Sindh, province dont Karachi est la capitale.

L’attaque a été revendiquée par un mouvement séparatiste, l’Armée de libération du Baloutchistan (ALB), une province instable du sud-ouest du Pakistan.

Nous avons mené l’attaque et notre action se poursuit, a déclaré Geand Baloch, un porte-parole de l’ALB, par téléphone. Une photo publiée par ce groupe sur Twitter montre trois hommes présentés comme les auteurs de l’assaut, devant un drapeau baloutche.

Oppresseurs

Nous voyons les Chinois comme des oppresseurs, tout comme les forces pakistanaises, car ces deux groupes détruisent le futur du Pakistan, a-t-il lancé.

L’ALB est un des groupes opérant au Baloutchistan, théâtre à la fois d’attentats de groupes islamistes et d’attaques par des rebelles autonomistes, voire indépendantistes.

Le Baloutchistan est la plus vaste, mais aussi la plus pauvre des quatre provinces du Pakistan, malgré ses importants gisements gaziers et miniers.

La Chine, un des plus proches alliés du Pakistan, a investi des dizaines de milliards de dollars dans le Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), qui vise à relier sa province occidentale du Xinjiang au port de Gwadar, au Baloutchistan.

De nombreuses infrastructures – autoroutes, centrales électriques, hôpitaux… – doivent être construites dans ce cadre. Le CPEC donnera aux produits chinois un accès direct à la mer d’Arabie.

Pour le Pakistan, ce projet représente un défi énorme, notamment sécuritaire, des groupes armés sévissant dans plusieurs provinces qu’il traverse, tout particulièrement le Baloutchistan.

En août, trois Chinois faisaient partie des six blessés d’un attentat-suicide contre un bus transportant des ingénieurs actifs dans un projet minier au Baloutchistan. L’attaque avait déjà été revendiquée par l’ALB.

Si Pékin dit faire confiance à la puissante armée pakistanaise pour sécuriser son territoire – quand celle-ci est accusée de violations des droits de l’Homme au Baloutchistan -, Islamabad accuse régulièrement son voisin indien de financer et d’armer les séparatistes baloutches pour lui nuire.

New Delhi, dans un communiqué, a condamné vendredi une attaque ignoble.

Karachi, centre financier et plus grande ville du Pakistan avec plus de 15 millions d’habitants, a connu des années de violences politiques, sectaires ou ethniques perpétrées par des groupes armés ou des gangs criminels.

La situation sécuritaire s’est largement améliorée à Karachi, comme dans le reste du Pakistan, même si des attaques s’y déroulent encore.

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