Coronavirus: les États-Unis et la Chine risquent un choc politique, l’Europe risque son existence

En Chine, le compromis entre monopole du PC versus progression du niveau de vie se fissure. Le modèle américain vacille face à l’explosion du chômage. Et l’UE devient Désunion Européenne.

CREATIVE-TOUCH VIA GETTY IMAGES | Le monde est un triangle mais l’enjeu n’est pas de même nature à Pékin, Washington et Bruxelles.

C’était vrai avant. Il fallait être aveugle pour ne pas le voir mais qui pourrait nier aujourd’hui que les trois grandes puissances dominant ce début de siècle sont l’Union européenne, les États-Unis et la Chine?

C’est elles qui dominent l’actualité. La question n’est pas de savoir ce qu’il adviendra de la Russie, de la Grande-Bretagne ou même de l’Inde car quelle que soit leur importance et l’ampleur des problèmes auxquels ils sont confrontés, ces pays ne sont pas déterminants. Non, la grande question, la seule, est de savoir si Donald Trump risque ou non de faire plonger l’économie américaine en voulant la faire redémarrer trop vite; si la Chine peut ou non éviter que le recul de sa croissance ne s’accompagne de troubles socio-politiques et si les 27 États membres de l’Union sauront ou non faire preuve, demain, d’assez de solidarité pour approfondir leur unité plutôt que de la briser.

Pour la première fois, la Chine ne pourra pas éviter une progression du chômage alors que sa stabilité repose sur le compromis historique qu’est la pérennité du monopole du parti en échange de la constante progression du niveau de vie.

C’est sur ces trois fronts, dans ces trois puissances de tête de l’économie mondiale, que se jouent la rapidité d’un rebond ou la longueur d’une dépression, autrement dit la stabilité internationale, la guerre ou la paix, car ce n’est pas à la concorde des nations que mènent l’angoisse sociale, la misère et le ressentiment politique. Le monde est un triangle mais l’enjeu n’est pas de même nature à Pékin, Washington et Bruxelles.

Avec vingt-deux millions d’emplois américains perdus en moins d’un mois pour une population active de 165 millions de personnes, on comprend la panique de Donald Trump. Il n’y a rien d’aberrant à ce qu’il veuille faire redémarrer la production au plus vite mais, lorsqu’il en vient à combattre les mesures de confinement alors que les hôpitaux seraient débordés par un emballement des contaminations, il propose de substituer la peste au choléra.

Sauf à espérer la prochaine découverte d’un remède ou une soudaine disparition de ce virus, sauf miracle, le rêve américain pourrait virer au même cauchemar qu’en 1929 mais la présidentielle de novembre offre aux États-Unis un exutoire politique à même de canaliser leur crise.

Ce n’est bien sûr pas le cas en Chine. L’épidémie y est sous contrôle. La reprise de la production chinoise est d’ores et déjà en cours mais l’usine du monde ne peut plus exporter autant qu’hier pour la bonne raison que les capacités d’importation de ses clients se sont durablement réduites. Pour la première fois depuis qu’elle a pris le tournant de l’économie de marché, la plus grande des dictatures doit affronter un recul de sa croissance.

Rampante depuis la monnaie unique, la coupure entre le Nord et le Sud de l’Europe a été brutalement avivée par l’épidémie.

Pour la première fois en quelque quarante ans, elle ne pourra pas éviter une progression du chômage alors même que sa stabilité repose sur le compromis historique qu’est la pérennité du monopole politique du parti en échange de la constante progression du niveau de vie. Ce compromis est plus que menacé. S’il finissait par être clairement rompu, la Chine pourrait devoir affronter un choc politique alors même qu’elle n’a pas de forces de médiation pour l’amortir et que l’autorité et la cohésion de ce régime ont déjà été mises à mal par les trop longues semaines de négation de l’épidémie.

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