Le président du parti Les Républicains s’envole pour Moscou ce mercredi. Sur place, il rencontrera Vladimir Poutine pour un face-à-face qui aurait déclenché il y a quelques semaines de vives critiques à droite. Mais, ça, c’était avant.
L’alignement des planètes est presque parfait. L’actualité a placé Vladimir Poutine au centre du dossier syrien et la droite, élus comme sympathisants, s’est convertie à l’idée d’un dialogue franco-russe. Début octobre, un quart des Français de droite interrogés par l’institut Ifop disait avoir une bonne opinion du président russe. C’est peu mais c’est le plus fort indice de popularité dans un électorat, à l’exception de celui du FN.
Se rendre à Moscou en ce moment, c’est zéro risque pour Nicolas Sarkozy. C’est un coup très tactique, observe une cadre du parti Les Républicains (LR), pourtant peu suspecte d’idolâtrie sarkozyste. Ces derniers mois, le jugement aurait été tout autre. En mars 2014, Bruno Le Maire milite contre la présence de Vladimir Poutine aux cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement. Un an plus tard, Alain Juppé critique l’accès de russophilie aigüe à l’UMP.
Changement de ton à droite
A l’époque, le soutien de François Fillon au maître du Kremlin est mal vu. Les échanges avec Moscou sont l’oeuvre de l’aile droite du parti, de Thierry Mariani, leader de la Droite populaire, à Jacques Myard, tête de pont des souverainistes. La main tendue vers l’est se double d’une défiance à l’ouest et aux Etats-Unis.
Puis, les souvenirs de l’annexion de la Crimée, de l’attaque du vol de la Malaysian en Ukraine ou de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov s’estompent. Les bombardements russes en Syrie replacent Vladimir Poutine dans le jeu diplomatique. Aujourd’hui, les opposants à un tête-à-tête entre le président russe et Nicolas Sarkozy sont rares à droite.
Thierry Mariani et Jacques Myard affichent toujours autant leur soutien. On ne peut pas reprocher au chef de l’opposition de rencontrer un chef de l’Etat. Quand François Hollande se déplace à l’étranger, il s’entretient régulièrement avec la majorité et l’opposition sur place, avance le député des Français de l’étranger, qui a calé une réunion entre Nicolas Sarkozy et 200 à 300 militants moscovites jeudi soir. L’intérêt de la France, c’est de s’entendre avec Poutine, un personnage important dans la résolution des crises internationales, poursuit Jacques Myard.
Que va faire Sarkozy là-bas?
Critique vis-à-vis de Poutine dans une interview accordée à L’Opinion au plus fort de la crise ukrainienne, Axel Poniatowski, vice-président LR de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée, affirme lui-aussi qu’il est dans l’intérêt de la France de parler avec la Russie. Je tiens une position plus pragmatique que droit-de-l’hommiste, assure le député du Val-d’Oise.
De son côté, Bruno Le Maire ne milite plus pour des sanctions à l’égard de la Russie. S’il était aux responsabilités, il irait lui-aussi discuter avec Vladimir Poutine. Le positionnement de Bruno n’est pas idéologique. En diplomatie, on ne fait pas d’idéologie, note son entourage. Qui n’est toutefois pas dupe quant aux intentions de Nicolas Sarkozy. Que va-t-il faire là-bas? Critiquer François Hollande ou formuler des promesses qu’il ne pourra pas tenir puisqu’il n’est pas président de la République? Cette visite est une simple question d’image. Il veut se montrer dans les habits d’un chef de l’Etat.
La Russie, c’est l’échec de François Hollande. Il est dans un corner, juge Axel Poniatowski. Ce jeudi, Nicolas Sarkozy prendra un malin plaisir à s’afficher avec Vladimir Poutine et rappeler qu’il a travaillé avec lui durant son quinquennat à l’Elysée. Contrairement à son successeur.