Mondial-2018: le football africain a reculé

Même si le Sénégal et le Nigeria l’ont frôlé, aucune équipe africaine n’a passé le premier tour du Mondial, pour la première fois depuis 1982. Un désastre, à l’image de l’Égypte de Mohamed Salah.

Les Sénégalais Salif Sane (d) et Diafra Sakho après la défaite contre la Colombie synonyme d’élimination du Mondial | AFP / Fabrice COFFRINI

 Les regrets éternels du Sénégal

On est tous dégoûtés. Cheikh Ndoye a parfaitement résumé le sentiment de ses coéquipiers, éliminés pour deux cartons jaunes de plus que les Japonais (6 contre 4). Au moins, le Sénégal a défendu ses chances jusqu’à la dernière minute, comme le Nigeria. Éliminée d’un souffle, les Lions peuvent ressasser à l’envi tout ces fameux détails qui coûtent cher: ce but encaissé contre la Pologne en fin de match (2-1) alors qu’elle avait le match en main, s’être laissé remonter deux fois par le Japon (2-2), cette saute de concentration sur le corner amenant le but colombien (1-0)… Mais, pour Keita Baldé, le Sénégal est devenue la meilleure équipe africaine, forte d’un bel avenir avec sa très belle jeune génération.

Le Nigeria un peu tendre

Nous n’en sommes pas encore à ce niveau-là, conclut Gernot Rohr, le sélectionneur des Super Eagles. A quatre minutes près, ils se qualifiaient pour les 8e de finale pour la quatrième fois de l’histoire du pays le plus peuplé d’Afrique (après 1994, 1998 et 2014). Mais l’Argentine, elle, a trouvé la faille pour marquer le but dont elle avait besoin (2-1). Dans quatre ans, on sera très forts, promet l’entraîneur allemand, qui aimerait rester à la tête de cette équipe. A l’image d’Ahmed Musa, qui a marqué un très beau doublé contre l’Islande (2-0), le Nigeria a parfois bien joué mais ça ne suffit pas encore.

Le Maroc frustré

Les trois autres nations africaines ont été éliminées dès la deuxième journée, un net recul par rapport à 2014, où l’Algérie et le Nigeria avaient atteint les 8e. Les Marocains ont blâmé l’arbitre lors de la défaite contre le Portugal (1-0) et estiment avoir été privés d’une victoire de prestige sur l’Espagne sur une énorme erreur d’arbitrage pointée par leur sélectionneur, Hervé Renard. Il s’agit d’une bévue rare à ce niveau, un corner joué du mauvais côté par les Espagnols, piégeant les Lions de l’Atlas – qui l’attendaient de l’autre – pour égaliser à la 90e minute (2-2). Mais le Maroc, qui avait commencé par une défaite contre l’Iran sur un but contre son camp à la dernière seconde (1-0), n’était pas assez robuste. Il a manqué un peu d’expérience, concède Renard.

La Tunisie pas au niveau

Hormis Wahbi Khazri, les Aigles de Carthage n’avaient pas assez de joueurs du niveau d’un Mondial. L’entraîneur Nabil Maâloul avait bâti un collectif solide mais trop limité. Perdre le premier match contre l’Angleterre (2-1) dans le temps additionnel a fauché le moral des Tunisiens, accablés par la malchance de leurs gardiens. Grande première, les trois ont disputé la Coupe du monde! Mouez Hassen s’est luxé une épaule au début du premier match, puis Farouk Ben Mustapha a été touché au genou et, enfin, Aymen Mathlouthi a disputé le dernier match. La Tunisie a fini par une victoire contre le Panama (2-1) mais elle était éliminée au bout de deux matches, comme le Maroc et l’Égypte: un échec.

Le drôle de voyage de Salah

L’Égypte, de retour en Coupe du monde après 28 ans d’absence, comptait sur sa star planétaire Mohamed Salah. Le joueur de Liverpool a vécu un calvaire qui illustre bien celui de sa sélection. Arrivé blessé, il n’a pas joué le premier match, perdu à la 89e minute contre l’Uruguay (1-0), puis n’a rien pu faire contre la Russie hormis transformer un penalty (3-1). Les Pharaons ont même quitté bredouille la Russie, battus une troisième fois par l’Arabie Saoudite (2-1), à la dernière minute. Le second but de Salah ne fera pas oublier son entrevue controversée avec le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov. Seule maigre consolation pour l’Égypte, le record d’ancienneté en Coupe du monde, battu par son gardien, Essam El-Hadary, à 45 ans et 161 jours. Il a même arrêté un penalty saoudien. Mais ça n’a pas la saveur d’un 8e de finale…

Articles simulaires

Tourner en ridicule le rire de Kamala Harris : une stratégie risquée, selon Baudelaire

Tim Walz permettra-t-il à Kamala Harris d’attirer l’électorat rural ?

J.D. Vance et le nouveau visage de la droite américaine