Mali: Annulation des accords de defense avec la France

Assimi Goita

Les autorités maliennes ont annoncé lundi 2 mai au soir rompre les accords de défense avec la France et ses partenaires européens, signe de la dégradation des relations entre Bamako et ses anciens alliés dans le combat contre les menances jihadistes que connaît le pays.

Le président malien du Comité national pour le salut du peuple, Assimi Goita | Annie Risemberg/AFP/Getty Images

Cette rupture concerne les accords de statut des forces (Status of Force Agreements, ou Sofa) fixant le cadre juridique de la présence au Mali des forces française Barkhane et européenne Takuba, ainsi que le traité de coopération en matière de défense conclu en 2014 entre le Mali et la France.

Le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, dans un communiqué lu à la télévision nationale, a invoqué les atteintes flagrantes à la souveraineté nationale par  la France, engagée militairement dans le pays depuis 2013.

Qualifiant la suspension par la France en juin 2021 des opérations conjointes entre les forces françaises et maliennes. Annonce qui avait été faite en février 2022 encore sans aucune consultation de la partie malienne, du retrait des forces Barkhane et Takuba, des multiples violations de l’espace aérien malien par les avions français malgré l’instauration d’une zone d’interdiction aérienne au-dessus d’une vaste partie du territoire.

Dans sa déclaration, Le colonel Maïga a précisé que: Eu égard à ces insuffisances graves ainsi qu’aux atteintes flagrantes à la souveraineté nationale du Mali, le gouvernement de la République du Mali décide de dénoncer le traité de coopération en matière de défense du 16 juillet 2014.

Dénonciation notifiée lundi après-midi aux autorités françaises et prendra effet six mois après. 

Precisant que c’est avec effet immédiat que les autorités maliennes dénoncent les accords de mars 2013 encadrant l’engagement de la force française Serval, puis Barkhane, ainsi que le protocole additionnel de mars 2020 s’appliquant aux détachements européens de Takuba, le regroupement d’unités spéciales européennes initié par la France.

Pour l’instant, aucune réaction officielle de Paris n’a été enregistrée.

Cette décision des autorités maliennes envenimera sans aucun doute les relations deja plus que fragiles entre deux anciens alliés qui ont combattu ensemble le jihadiste partie du nord de ce pays. Causant des milliers de morts, civils et combattants, et laissé le pays proche de sombrer, de l’aveu même des autorités.

Il est à noter que les crispations se sont aggravées quand la junte au pouvoir s’est rapprochée de la Russie

Provoquant les accusations à l’endroit des autorités maliennes par la France et ses alliés de s’être assuré les services de la société privée russe controversée Wagner. Accusation que refute le gouvernement malien qui parle de collaboration d’Etat à Etat.

Déjà la semaine dernière, la junte accusait l’armée française d’espionnage et de subversion après la diffusion par l’état-major français de vidéos tournées par un drone à proximité de la base de Gossi. Montrant comme étant des mercenaires russes en train d’enterrer des corps près de cette base afin de faire accuser la France de crimes de guerre.

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