La victoire des Bleus, carton plein pour Macron et la France

La victoire des Bleus au Mondial tombe à point nommé pour le président Emmanuel Macron qui a fait du retour de la France son mot d’ordre sur la scène internationale.

Le Président français Emmanuel Macron se réjouit de la victoire de la France au Mondial de foot, lors de la cérémonie de remise des trophées au stade Lujniki à Moscou | AFP / FRANCK FIFE

 

Le monde à vos pieds, Moscou est conquis, mieux que Napoléon : la presse étrangère rivalisait de superlatifs lundi pour saluer la performance de l’équipe de France en Russie.

Vous faites la fierté de votre pays, bravo, a renchéri le Premier ministre français, Edouard Philippe, s’adressant aux Bleus dans un tweet.

Cette victoire va renforcer l’image de la France pour plusieurs années et donc l’image de celui qui en est à la tête de façon quasi-automatique, analyse Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Relations internationales et stratégiques (IRIS) à Paris.

Après avoir capté la lumière pendant un an, Emmanuel Macron, déterminé à incarner une France de nouveau confiante en elle-même et réformatrice, connaît un trou d’air, constate-t-il.

L’absence de résultats avec l’Allemagne (sur la réforme de l’Europe, ndlr), avec les Etats-Unis de Donald Trump fait un peu pâlir son étoile, estime-t-il.

Ses ambitions européennes sont contrariées par l’affaiblissement de son alliée, la chancelière Angela Merkel, et par la marche ininterrompue des populistes vers le pouvoir, y compris en Italie, pays fondateur de l’UE. Sur le nucléaire iranien, la Libye, la Syrie, les initiatives françaises peinent aussi à se concrétiser.

Effet de loupe

Avec le triomphe des Bleus, la France se retrouve au firmament du sport roi de la planète. Même en Corée du Nord on est au courant de leur exploit!, relève Pascal Boniface, expert en géopolitique du sport.

Des Jeux olympiques aux grand-messes du ballon rond, le sport est devenu un outil de puissance, le fameux soft power conféré non plus par la force mais par l’image.

Cette victoire a évidemment un effet de loupe sur la France, confirme Paul Dietschy, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Franche-Comté et historien du football.

Si l’étoile de la France va briller plus fort -elle accueillera aussi la coupe du Monde de rugby en 2023 et les JO de 2024 – les bénéfices diplomatiques potentiels seront plutôt à chercher du côté de la Russie.

Le sport est souvent un prétexte. Les voyages de Macron en Russie pour la demi-finale et surtout la finale, avec de surcroît une France victorieuse, cela peut donner l’occasion d’un autre dialogue avec Poutine, considère Paul Dietschy.

Le Président français Emmanuel Macron lors de la finale du Mondial de foot au stade Lujniki à Moscou | SPUTNIK/AFP / Alexey NIKOLSKY

 

Emmanuel Macron a d’ailleurs fait un crochet par le Kremlin et discuté des sujets de tension du moment avec son homologue Vladimir Poutine avant de rejoindre le stade Loujniki pour la finale France-Croatie.

Vive la République

De même que les pongistes sino-américains en 1971 avaient permis de retisser des liens entre la Chine et les Etats-Unis, on peut imaginer que cela puisse faciliter un dialogue franco-russe, esquisse Paul Dietschy.

Vingt ans après sa première victoire au Mondial, immortalisée par la célèbre devise black blanc beur, la France apparaît aussi de nouveau rassemblée derrière ses joueurs, Français d’origine ou issus de l’immigration. Et comme galvanisée, après la vague d’attentats jihadistes qui l’ont durement ébranlée.

Vive la France, vive la République! , ont scandé les jeunes champions dimanche soir, au côté d’Emmanuel Macron, comme pour mieux conjurer les dérives communautaristes de ces dernières années.

On veut espérer que cette France, si prompte d’ordinaire à douter, à macérer dans ses divisions, décide de puiser ici l’énergie pour aller de l’avant, résumait lundi le quotidien La Montagne.

Le président Macron va devoir désormais transformer l’essai politiquement, un pari tout aussi audacieux que celui des Bleus.

Cela fait du bien au moral du pays mais ce qui va compter pour 2022 (prochaine présidentielle), c’est le taux de chômage, pas la deuxième étoile, pointe Pascal Boniface.

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