« Je m’appelle Sadiq Khan et je suis le nouveau maire de Londres. » Prononcées, samedi 7 mai, dans la nef de la cathédrale de Southwark, lieu de culte chrétien depuis plus de mille ans, ces paroles disent la portée du symbole que représente l’élection de cet avocat travailliste de 45 ans, fils d’un chauffeur de bus immigré du Pakistan. Première grande victoire travailliste depuis onze ans – M. Khan a remporté 56,8 % des suffrages –, elle redonne espoir à l’opposition modérée, tout en posant un défi à son chef très à gauche, Jeremy Corbyn, écarté de la campagne de M. Khan et qui n’a même pas assisté à sa prestation de serment à Southwark.
Le succès du député de Tooting (quartier de la banlieue sud de Londres) est d’abord politique : il couronne l’ascension d’un élu qui a su rassembler l’extraordinaire mosaïque de populations de la ville, l’une des plus cosmopolites du monde. Près de 37 % de ses 8,7 millions d’habitants sont nés hors du Royaume-Uni (contre 18 % en Ile-de-France). Le choix ultra-symbolique de la cathédrale, la présence de représentants de toutes les confessions et l’accueil du nouvel élu lors de cette cérémonie par Doreen Lawrence, la mère d’un jeune Noir tué lors d’une rixe raciste en 1993, disaient clairement la volonté d’ouverture. « Je suis déterminé à représenter chaque communauté et chaque partie de notre ville en tant que maire de tous les Londoniens », a insisté M. Khan.