Il avoue lui-même vivre le pire moment de sa carrière. Depuis le début de la saison, celui qui était considéré comme le meilleur manager du monde semble avoir perdu le contrôle de son équipe, de ses joueurs, de ses choix et de ses déclarations. Malgré un contrat en béton, son avenir à Chelsea est désormais incertain…
Le 7 août dernier, José Mourinho a paraphé un nouveau contrat de quatre ans en faveur de Chelsea avec un salaire estimé à 13,6 millions d’euros par an, plus primes. En théorie, limoger le technicien portugais obligerait le club londonien à lui verser l’intégralité de son salaire jusqu’en 2019, soit presque 55 millions d’euros ! Selon nos informations, il est toutefois probable que les Blues aient conclu un autre accord avec le Special One en cas de licenciement : celui de le payer jusqu’à ce qu’il trouve un nouvel emploi, ce qui ne saurait tarder pour un entraîneur comptant 22 titres au palmarès. Se séparer de Mourinho ne serait donc finalement pas aussi onéreux que ça et Abramovitch aurait bien des raisons de passer à l’action.
Un recrutement raté
Seizième de Premier League avec huit points au compteur après huit journées, Chelsea présente son pire bilan depuis 1978-79, saison à l’issue de laquelle il a été relégué. Ces mauvais débuts peuvent en partie s’expliquer par le recrutement poussif des Blues. Alors que les renforts espérés se sont longtemps fait attendre cet été (parfois en vain, à l’exception de Pedro), les Londoniens ont perdu l’un de leur plus fidèles lieutenants en la personne de Petr Cech, transféré à Arsenal contre sa volonté. Filipe Luis s’en est retourné à l’Atletico Madrid, remplacé par le Ghanéen Baba Rahman, exceptionnel avec Augsbourg la saison passée mais presque invisible depuis son arrivée à Stamford Bridge. Enfin, Falcao n’est toujours que l’ombre de lui-même alors que Papy Djilobodji n’a disputé qu’un petite minute de jeu, contre Walsall (D3) en League Cup, depuis son arrivée.
Les dégâts de l’affaire Carneiro
Tout simplement personne ne se serait attendu à ce qu’une tragi-comédie aussi farfelue s’y joue dès le coup d’envoi de la saison. Le 8 août, Mourinho voit son équipe réduite à dix face à Swansea (2-2), puis à neuf lorsqu’Eden Hazard se blesse. Le Portugais échange alors des mots très durs avec Sonia Carneiro, qu’il traite de «filha de puta» pour être venue soigner le Belge en cours de jeu, laissant ainsi sa formation en nouvelle infériorité numérique. Mais le plus surprenant dans l’affaire est que ses répercussions se font encore sentir aujourd’hui. Si la native de Gibraltar n’est pas une «créature» de Mourinho, elle était très populaire auprès des joueurs à cause de sa personnalité enjouée, mais surtout de sa compétence. La mise à l’écart de Carneiro, coupable de s’être opposée à son manager, n’a donc strictement rien fait pour améliorer l’ambiance dans le vestiaire.
Dérapages publics et drame privé
Mourinho s’est toujours servi de l’hostilité qu’il perçoit hors de son club pour bâtir un rempart verbal autour de ses joueurs. Mais les brèches sont devenues trop importantes pour les protéger vraiment. Ceux-ci n’acceptent plus ses jugements à l’emporte-pièce avec la même avidité qu’autrefois. Non, les arbitres, qu’il prend pour cible après chaque résultat négatif, ne réservent pas de «traitement de défaveur à son équipe». Mourinho le perdant ressemble à un homme ballotté dans une barque prenant l’eau qui, au lieu d’écoper, maudit les éléments. Mais Mourinho est aussi un homme inquiet. Son père, Félix, dont il est très proche, a été victime d’une hémorragie cérébrale qui l’a obligé à passer deux fois sur la table d’opération. Dès qu’il le peut, le fils se rend au chevet de son père, que l’on dit au plus mal. Ce serait d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Abramovitch n’aurait pas souhaité trancher dans le vif dès maintenant… Mais pour combien de temps encore ?